Dans les brumes du marécage.

Dans les brumes du marécage.

Araignée du Matin & Nuage de Sang.

La lieutenante du clan de l'Ombre se leva tôt ce matin là, comme elle avait toujours l'habitude de le faire. Elle prenait plaisir à narguer les oiseaux ou le soleil à leur réveil, car elle les devançait toujours. Elle aimait provoquer de toutes les façons possible, de la plus petite fourmi jusqu'au plus grand blaireau. Lorsque la femelle au pelage écaille se levait, la pénombre était encore reine. Elle se retrouvait enveloppée de la couverture sombre et silencieuse qu'était devenue l'atmosphère du camp. Avant même que le premier rayon du soleil touche la cime des arbres, Araignée du Matin avait fait sa toilette, mangé un morceau de souris et planifié l'intégralité de sa journée. Elle prenait plaisir à tout prévoir, afin de bien déstabiliser tous les autres chats qui l'entouraient. Et quand je dis tout prévoir, comprenez-moi bien, il s'agit de tout prévoir. Qui enverra-t-elle promener, aujourd'hui ? Qui aura la chance de l'accompagner en patrouille ? Toutes ces choses ne doivent pas être laissées au hasard.
Aujourd'hui, dans sa programmation chargée, la guerrière avait laissé un avant-midi vide. Cette journée en était une fort importante, pour elle comme pour le jeune chat avec qui elle ferait bientôt connaissance.
Nuage de Sang. Petit chat froid et colérique qu'elle observait depuis longtemps - comme tous les autres chatons de la pouponnière d'ailleurs. Un lieutenant peut se permettre de choisir lui-même son apprenti, et c'est ce qu'elle avait fait. Seulement, ça, son apprenti ne le savait pas.
Alors qu'il n'était âgé que de quatre lunes, elle avait déjà remarqué chez lui une musculature bien développée, sous son pelage couleur de nuit. Elle voyait tout son potentiel et ne voulait pas que se dernier soit gaspillé par un mentor en manque d'expérience.

Elle avait fait transmettre à Nuage de Sang un message bien simple : la rejoindre à la sortie du camp, au lever du soleil. Elle savait qu'il viendrait, parce qu'elle se savait imposante. Aucun apprenti n'aurait osé manquer de respect à une chatte aussi "dangereuse" qu'elle. On ne sait jamais à qu'elle réplique sanglante on doit s'attendre avec la lieutenante du clan de l'Ombre.

Araignée du Matin marcha donc tranquillement jusqu'à l'orée du campement. Sa longue silhouette écaille se tenait bien droite au milieu de la brume, seuls ses yeux bleus glacés trahissant sa présence.

charlie
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Premier entraînement.

"With Araignée du Matin ♦"

Lorsque je daignai sortir de la douceur du sommeil, je sentis chacun de mes muscles se crisper, et une soudaine adrénaline s'empara de mon cœur.
Aujoud'hui allait se dérouler ma première séance avec mon mentor.
J'avais eu la chance d'avoir le lieutenant de mon Clan pour m'entraîner, me former à devenir un brave guerrier. La fierté avait pris possession de tout mon être : j'allais enfin prouver à tous ces crétins qui m'avaient humilié durant mon enfance mes capacités, ma supériorité.
Enfin je pourrais servir mon Clan à la force de mon mental de fer, à la force de ma volonté.
J'étais déterminé.
Je m'ébrouai, puis tentai de me détendre : cela ne m'avancerait à rien de stresser.
Impatient, j'avançai donc en direction de l'entrée du camps : mon mentor m'y avait donné rendez-vous. Durant mon petit périple, je ne pus m'empêcher de m'imaginer ce que j'allais découvrir : peut-être allions-nous parcourir l'ensemble du territoire ? Peut-être sentirai-je les effluves de chaque Clan ?
L'ensemble du territoire...
Cette soudaine pensée fit écho à mes souvenirs, et je sentis mon orgueuil se briser en plusieurs morceaux, laissant en moi un vide béant : j'étais un monstre. J'avais tué un camarade.
S'il était encore vivant, serait-il dans la même situation que moi ? Serait-il en train de songer à son futur, à son mentor, à toutes les nouvelles attaques qu'il exercerait avec celui-ci, à ce qu'il verrait dans la forêt ?
Non. Je devais oublier.
Soupirant, j'arrivai enfin devant mon mentor.
Elle était là, assise sur le sol, ses yeux d'un bleu glacier posés sur moi, comme pour sonder chaque détail qui me composait. Je ne cillai pas et soutenai son regard.
« Me voilà » annonçai-je d'une voix qui se voulu la plus assurée possible.
Puis j'attendis qu'elle me réponde, le dos bien droit.

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Dans les brumes du marécage.

Araignée du Matin & Nuage de Sang.

Dans les brumes du marécage.

Elle l'observa s'avancer, ses petites pattes sombres dans la terre noire et humide, les pousses recouvertes de rosée qui caressaient son pelage. Il avait le visage d'un chaton mais le regard d'un guerrier. Lorsqu'il arriva près d'elle, le regard de la lieutenante était toujours posé sur lui. C'était un regard calme, objectif. Impossible de savoir ce qu'elle pensait à ce moment là.

C'est le jeune chat qui parla le premier.

- «Me voilà. »

Les yeux de la chatte, après un bref instant, s'illuminèrent d'une douce lueur amusée et un minuscule sourire se dessina au coin de ses lèvres. Ce genre de chose ne se produisait que très rarement chez Araignée du Matin. En fait, les seuls moments où il était possible de la voir sourire de façon sincère était en présence d'un chaton ou d'un apprenti. Elle avait toujours aimé ces petites boules de poil, les voir grandir, évoluer était quelque chose qui la passionnait.
La voix de son nouvel apprenti était assurée et calme, ce qui ne l'étonna pas, mais qui lui procura une grande satisfaction. Elle aimait l'énergie qui se dégageait du petit chat : sérieux, calme...

Elle hocha doucement la tête avant du murmurer :

- «En route !»

Elle remua les moustaches et tourna les talons. Le novice la suivit dans le petit tunnel de ronces menant à la sortie du camp. Elle sentait dans son dos son regard flamboyant et ne put s'empêcher de sourire à l'idée de le voir un jour devenir guerrier.

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Premier entraînement.

"With Araignée du Matin ♦"

La chatte aux yeux bleus froids en face de moi me dévisagea pendant un moment qui parut s'étendre sur des Lunes et des Lunes. Puis son regard se mit à pétiller, ce qui réchauffa un peu le bleu glacier de celui-ci.
« En route ! » déclara-t-elle après avoir hoché la tête.
Soudain plein d'énergie, je tentai tout de même de la contenir pour ne pas paraître trop joyeux. J'avais encore du mal à montrer mes sentiments aux autres.
Je suivis donc mon mentor, tentant d'être le plus calme possible. Mes pas résonnaient doucement sur le sol, troublant le silence qui s'installait entre moi et la lieutenante.
Cependant, je n'étais pas perturbé. Bizarrement, je me sentais serain. Mes griffes ne raclaient pas le sol, la colère ne bouillonnait pas en moi, tout mon corps, jusqu'au moindre muscle était détendu au summum.
Savourant cet instant de paix, je me laissai guider par les pas de mon mentor, pressé de découvrir le monde extérieur. Enfin, j'allais être pendant un moment loin de mes camarades de tanières !
Loin de tous ces imbéciles qui m'avaient sans cesse rejeté, créant autour de moi une carapace solide.
Maintenant, j'étais tranquille.
Tout en marchant, je ne parvins pas à distinguer mon environnement à cause de la brume qui commençait à envahir mon champs de vision. Je tentai de plisser les paupières, en vain. Je ne voyais rien.

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Dans les brumes du marécage.

Araignée du Matin & Nuage de Sang.

Dans les brumes du marécage.

Les deux chats marchaient l'un derrière l'autre depuis quelques temps, évitant racines, rochers et autres embuches. Bientôt, dans le brouillard, ils virent se dessiner des flaques d'eau stagnante dans lesquelles se tenaient de grands arbres gris. Leur écorce était usée par le temps, mais cela ne les empêchait nullement de se dresser vers le ciel, hauts et fiers. Partout autour, on entendait résonner le chant des crapauds, le bourdonnement des moustiques qui leur serviraient bientôt de repas. Ils étaient arrivés aux marécages.

La féline s'avança jusqu'à un rocher recouvert de mousse. Elle était au bord de l'étang. Ce dernier, rempli d'algues et d'oeufs de grenouilles, la regarda bondir par dessus lui, gracieuse, pour atterrir sur un tronc d'arbre tombé au dessus de l'eau. D'un signe de tête, elle invita son apprenti à utiliser ses griffes et son équilibre pour la rejoindre. Elle observa chacun des mouvements du jeune chat et, lorsqu'il arriva près d'elle, elle s'assit calmement.

Derrière les deux ombreux, le soleil se levait petit à petit et se réfléchissait dans chaque perle de rosée, dans chaque goutte qui composait le marais.
Si Araignée du Matin avait choisi d'emmener son apprenti dans cet endroit étrange, c'était pour lui montrer que même le lieu le plus dangereux et le plus sous-estimé, si on prenait le temps de l'observer, pouvait être réellement magnifique. Elle savait que Nuage Sanglant aurait rarement l'occasion de se rendre aux marécages seulement pour le plaisir, mais elle trouvait aussi important de lui enseigner à se battre et à chasser que de lui montrer leur territoire sous un autre angle, que de lui apprendre à réfléchir. Elle observa quelques instants une libellule, un rayon de soleil, la branche d'un saule pleureur. Elle se tourna finalement vers son apprenti. De sa voix mielleuse, elle demanda, inclinant légèrement la tête à droite :

« Qu'en penses-tu ?»

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Premier entraînement.

"With Araignée du Matin ♦"

Plus nous avancions, et plus nous nous enfoncions dans la forêt. L'endroit commençait à devenir aussi lugubre que fascinant. Quand je regardais autour de moi, je pouvais apercevoir des marécages, et le reflet du soleil au tréfond de leurs âmes. Chaque parcelle de lumière m'éblouit et me réchauffa le cœur.
Les arbres autour de moi laissent filtraient les quelques lueurs de l'aube nouvelles, rendant l'endroit surnaturel.
C'était un endroit magique, qui réveilla un instant mes pulsions de chaton.
Je fus littéralement émerveillé par l'endroit. Je promenais longuement mon regard sur les insectes qui accomplissaient leur périple le long des petits étangs : leurs corps étaient minces, et leurs ailes très grandes battaient à une vitesse vertigineuse. L'un deux passa juste au-dessus de ma queue.
Abasourdi et soudain gêné par tant de beauté en un même endroit, je gardai le silence tandis que mon mentor s'arrêta. La lieutenante pivota vers moi, et l'espace d'un instant s'imprégna de chaque détail de l'endroit, comme si elle le redécouvrait à chaque fois.
« Qu'en penses-tu ? »
Cette phrase résonna dans mes oreilles, et je ne sus d'abord pas répondre. Puis, emportée par mon élan, je tentai de vaincre la carapace de glace qui m'empêchait d'exprimer mes pensées, et me lançai :
« Cet endroit est vraiment magique. Même s'il paraît dangereux, je suis fasciné par autant d'élégance et de beauté. J'adore la façon dont se reflète le soleil dans l'étang. Et... C'est quoi, ces insectes étranges ? » m'enquiai-je à la fin de mon discours.

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Dans les brumes du marécage.

Araignée du Matin & Nuage de Sang.

Dans les brumes du marécage.

« Qu'en penses-tu ?»

La fourrure tachetée d'Araignée du Matin avait pris des teintes dorées sous le soleil matinal qui commençait à pointer le bout de son nez, là haut, en travers d'épais nuages et de brouillard. Sur sa fourrure s'étaient accrochés un morceau de lichen et une fleur de pensée, qu'elle balaya d'un coup de patte. Elle aimait que sa fourrure soit parfaitement propre. Elle donna doucement un coup de langue sur sa patte qu'elle passa derrière son oreille et écouta, pleine d'attention, l'apprenti dont le pelage contrastait magnifiquement avec la végétation qui l'entourait. Il semblait émerveillé, un pétillement enfantin brillait au fond de ses prunelles magenta. La question de son mentor, par contre, avait l'air d'être difficile à répondre. Araignée du Matin venait de découvrir un point faible à son apprenti : pour s'exprimer, il devait sortir de sa carapace. Cela plut à la lieutenante qui lui sourit, pour l'encourager. Le novice finit par s'exprimer.

- « Cet endroit est vraiment magique. Même s'il paraît dangereux, je suis fasciné par autant d'élégance et de beauté. J'adore la façon dont se reflète le soleil dans l'étang. Et... » Il marqua une pause, hésitant et concentré, pointant le museau vers le centre du marais. « C'est quoi, ces insectes étranges ? »

La guerrière suivit son regard jusqu'à voir deux magnifiques insectes volants se tournant autour au dessus de l'eau. Leurs corps longs étaient bleus comme les yeux de la guerrière, mais on y voyait aussi des reflets de violet et de vert. Un instant, elle sentit que, comme son apprenti, elle retrouvait un plaisir enfantin à observer ces magnifiques bestioles qui entamaient, soutenus par leurs ailes légères, un tango matinal.

- « Ce sont des libellules.»

Elle avait murmuré ces paroles, comme pour éviter d'effrayer ces dernières. Les deux chats écoutèrent un moment le silence apaisant de l'endroit, avant que la jeune lieutenante s'ébroue et demande, amusée :

- «Alors, jeune matou ? Qu'avez-vous envie de faire aujourd'hui ?»

La journée, qui ne faisait que commencer, s'annonçait radieuse. Araignée du Matin voulait tout savoir de son apprenti, et le laisser choisir ce qu'il ferait de son premier entraînement s'annonçait intéressant. Était-il plutôt du genre à s'entrainer à chasser, pour servir dignement son clan ? Où était-il plus curieux de découvrir ses terres ? Peut-être était-il aussi attiré par les combats. Ce genre d'informations lui donnerait des indices sur la personnalité du novice.

Premier entraînement.

"With Araignée du Matin ♦"

J'attendis sagement que mon mentor me réponde, émerveillé par les insectes encores inconnus qui voletaient gracieusement autour de moi.
« Ce sont des libellules », répondit la chatte écaille, satisfaisant ma curiosité.
Je répétai mentalement ce nom, pour qu'il puisse s'enfoncer dans un coin de ma tête et ne plus jamais en sortir.
Le vent agitait les feuilles des arbres, et l'eau de l'étang miroitait les douces lueurs de l'aube, créant un puissant halo de lumière, bleutée et légèrement rose juste sous mes pattes. Les libellules se reflétaient dans l'étendue minérale, apportant encore plus de couleurs diverses. Une danse multicolore naissait sous mes moustaches.
« Alors, jeune matou, qu'avez-vous envie de faire, aujourd'hui ? » s'enquit mon mentor sur un ton légèrement taquin.
Décidant de me décoincer, car, oui, j'étais particulièrement tendu et distant, je relâchai chacun de mes muscles, répendant une douceur bienveillante au sein de mes entrailles.
« Mmmmh... J'aimerais apprendre quelques techniques de combat » lançai-je, prêt à montrer ma force.
Au fond de moi, je savais que je n'avais pas besoin d'apprendre à chasser. Quand j'étais chaton, étant donné que les autres de mon âge me rejetaient, mon activité principale était de sauter sur les souris qui passaient. Oh, bien entendu, j'en ai raté deux ou trois, mais j'ai quand même réussi à en lacérer une d'un coup de croc dans la nuque.
C'était un vieux guerrier qui m'avait montré comment chasser, et tuer d'un seul coup une proie. Je savais précisément comment me déplacer, ne pas lever sa queue en l'air afin de ne pas trahir sa position, basculer son poids sur son arrière-train, et avancer tout en fixant de ses prunelles scintillantes sa future victime... Et là, arrivé près d'elle, on saute, on enfonce ses crocs dans sa chair et on savoure le sang qui se répend dans la gorge...
Coupant court à ma rêverie, je revins au monde réel et scrutai mon mentor, avide d'un réponse positive.

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La carte de la forêt, pour mieux te situer !

Dans les brumes du marécage.

Araignée du Matin & Nuage de Sang.

Dans les brumes du marécage.

Araignée du Matin ignorait si elle était considérée comme une grande guerrière. Elle excellait, certes, dans tous les domaines, et on l'avait nommée lieutenant. Mais depuis qu'elle était passée de guerrière à apprentie, délaissant le triste nom de Nuage d'Araignées pour le splendide Araignée du Matin, on l'avait bien peu complimentée sur ses talents, qu'ils concernent la chasse, le combat ou l'organisation du clan. Cela ne l'ennuyait point. Elle n'avait pas besoin de l'approbation des autres pour être heureuse et son propre avis lui suffisait très bien. La chatte tachetée de noir et de roux nota dans un coin de sa tête d'apprendre cela à son apprenti : tu n'as pas besoin de l'avis et de l'approbation des autres pour être heureux. Si Araignée du Matin ne connaissait pas l'avis de ses camarades quant à ses capacités de chasseuses, elle avait au moins une certitude. Elle savait qu'elle pouvait être une excellente mentor. Elle avait vu les progrès fulgurants qu'avait fait son ancien apprenti en une ou deux lunes, malgré le fait qu'il ait été arrogant et têtu. Elle réfléchit un instant à ce que Nuage de Sang pourrait devenir sous sa tutelle. Si Nuage d'Onyx qui ne voulait pas travailler avait fait d'extraordinaires progrès, il n'y avait pas de doute que son apprenti actuel, qui semblait intéressé, ponctuel et réfléchi, pourrait devenir rapidement très instruit et maitriser plusieurs techniques.

Ce dernier ne décrochait pas des libellules, elles semblaient l'hypnotiser complètement. C'est vrai qu'elles étaient jolies. Araignée du Matin se demanda comment Nuage de Sang aurait réagi si elle lui avait dit qu'il pouvait manger une libellule. Pire ! Si elle lui disait que désormais, au sein de leur clan de l'Ombre, tout le monde ne se nourrirait que d'insectes. Peut-être même exclusivement de libellules. Elle masqua un petit rire à l'idée de la tête que ferait le novice. Lorsque ce dernier se retourna vers elle pour lui répondre, elle vit encore une fois ses prunelles rouges. C'était dommage, tout de même, qu'il s'appelle Nuage de Sang. Cela donnait un côté macabre et repoussant à ses jolis yeux. Elle aurait préféré qu'il soit baptisé Nuage de Libellules....

- « Mmmmh... J'aimerais apprendre quelques techniques de combat. »

L'apprenti lui sembla un peu plus relâché. Elle répondit rapidement à sa requête. De sa voix mielleuse, elle annonça :

- « Bien. »

Elle était satisfaite de la réponse du gamin. On n'était jamais trop préparé à une attaque de nos ennemis, ou pire, à une invasion. Un blaireau, un chien... Ce genre de choses effrayait profondément Araignée du Matin. Elle imagina un instant son clan complètement décimé par un grand canidé dont la bave coulerait sur les ruines de la pouponnière. Elle s'efforça de cacher à son apprenti une frisson d'effroi. Pour se changer les idées, elle concentra son esprit sur le lieu où elle l'entraînerait au combat. Elle choisit un endroit plat pour le premier entraînement, car même si un jour il aurait probablement à se battre sur un terrain plus complexe, il fallait bien commencer par la base.

- « Tu vois le petit filet d'eau, juste là ? Nous allons le traverser et, de l'autre côté, il y a un terrain avec de hautes herbes. Ce sera parfait pour ton premier entraînement au combat. »

Sans attendre de réponse, elle sauta élégamment du rocher où ils trouvaient, surplombant le marais, puis atterrit sur le sol d'où ils étaient arrivés. Elle regarda Nuage de Sang qui, derrière elle, semblait déjà sauter d'un rocher à un autre avec plus d'assurance, plus d'aisance. Elle le félicita d'un hochement de tête, un léger sourire comblé au coin des lèvres. Ils désertèrent ensuite le lieu féérique, saluant les nénuphars et les fameuses libellules. Ils commencèrent à se diriger vers le petit cours d'eau ruisselante. Le soleil, dans le ciel, commençait à s'affirmer de plus en plus, tout comme Nuage de Sang. La femelle qui lui servait de mentor pensa qu'il aurait tout aussi bien pu s'appeler Nuage du Soleil, ou Nuage du Ciel. Elle leva les yeux vers se dernier et enregistra l'image des rayons du soleil brillant entre les feuilles vertes, accompagnés de cette sensation agréable que la chaleur laissait sur sa fourrure tricolore.

Les pattes d'Araignée du Matin marchaient d'un pas régulier, léger comme l'atmosphère qui l'entourait. Elle évita une immense ronce qui leur barrait la route, à elle et à son apprenti, puis elle bondit en travers du ruisseau. Le novice l'imita . Le souffle du vent, léger, fit bouger le liquide bleuté avec plus vigueur. La lieutenante se retourna pour observer les vagues formées à la surface de l'eau, puis elle continua d'avancer vers cet endroit que la plupart appelaient le terrain herbeux. Il y avait, ça et là, encore quelques flaques qui rappelaient l'étang, mais l'eau laissait de plus en plus la place à une tourbière où grouillaient quelques serpents et lézards. La femelle pensa que Nuage de Sang connaitrait déjà bien une partie du territoire car il l'aurait visité avec elle, sans trop s'en rendre compte. Ils évitèrent donc les rares flaques d'eau, prenan tgarde à ne pas s'y tremper les pattes.

Finalement, baigné de chauds rayons de lumière, le terrain herbeux se présenta à eux.

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Dans les brumes du marécage.

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