Je marchai difficilement dans les recoins de la Ville des Bipèdes.

Voilà une journée entière que nous la traversions de nos petites pattes fatiguées, avançant jusqu'à ce que nos coussinets écarlates à cause du sol dur de cet infâme endroit ne nous supplient d'arrêter.

C'est donc après avoir difficilement trouvé une ruelle ne comportant pas trop de dangers, que je m'étais réfugiée dans un carton en me blottissant contre mon tendre compagnon, donnant le peu de lait que j'avais à mes nouveaux nés. Ceux-ci, même sans avoir marchés, étaient épuisées. Patte d'Ombre, après s'être couché contre le ventre de sa propre mère au près de ses propres frères et sœurs, n'avait pas cessé de regarder Patte de Cosmos, à mon plus grand amusement. Nous nous étions cependant vite endormies pour repartir dès l'aube.

Cette fois, j'avais pris Petit Requiem et Patte de Cosmos, laissant Etoile des Sables prendre Petite Mélopée, Colombe de la Paix et Danse du Léopard se partageant à nouveau les 2 autres chatons les plus âgées, Patte d'Ombre continuant d'insister pour marcher, ne me quittant pas d'une semelle à la place d'Etoile des Sables.

Nous avancions encore et toujours, évitant avec difficulté les monstres ainsi qu'un maximum de bipèdes, les chiens, chats errants, rats, et tout autres types de menaces, ce qui était quasi mission impossible. Malgré notre nuit de sommeil, j'étais épuisée, la mise bas plus le voyage avec la portée de mes deux petits me fatiguait un peu plus à chaque pas, plusieurs fois, je trébuchai, me rattrapant de justesse. J'avais laissée Danse du Léopard m'épauler, ne voulant d'avantage inquiéter les autres, mais j'étais bien décidée à ne pas les ralentir. L'air âcre et pollué des bipèdes étaient infernales, aussi bien pour nous, grands félins adultes pour la plupart, que pour les chatons, surtout eux. Il leur arrivait souvent de tousser, surtout à Petite Mélopée, j'étais effrayée à l'idée qu'ils ne s'en sortent pas et ma queue ne cessait de s'agiter d’anxiété, aussi, accélérai-je toujours plus pour finir par, je ne sais quel miracle, guider le groupe.

Et tandis que l'après-midi touchait lentement à sa fin, nous vîmes ensuite la sortie de cet enfer, le soleil se couchait lorsque nous en fûmes hors de portée.

Le voyant, je m'écroulai après avoir doucement posé mes fardeaux, haletant, épuisée. Ma vision était trouble et je n’entendais presque plus rien, à moitié inconsciente. Toussant un coup, je sentis que je n'avais rien de grave, mes poumons me brûlaient certes, mais c'était à cause de l'effort. Je me laissai donc m'endormir, je n'avais besoin que de repos, j'en étais sûre.

De toute façon, le voyage était à présent terminée.

Quelques mètres seulement nous séparaient de notre nouveau foyer.

De notre nouvelle vie.