Aujourd’hui, jour de pluie. Le ciel, teinté de gris et d’un bleu trop foncé, semblait pleurer toutes les larmes de son vaste corps. L’averse touchait toute la forêt, évidemment, mais le Clan du Vent était celui qui était le plus touché : en effet, avec un territoire en majorité dégagé, il n’y avait pas grand-chose pour retenir les gouttelettes d’atterrir sur le crâne des félins. Oh, bien sûr, tous les chatons avaient trouvé refuge dans la pouponnière, ordre de la guérisseuse. Enfin, presque tous les chatons..

Étoile Songeuse avisa une petite boule de poils qui sautillait dans l’eau, non loin de la pouponnière. La meneuse, tout comme ses guerriers, vaquait depuis le lever du soleil à ses occupations malgré la pluie. Elle en était à préparer la patrouille du midi lorsqu’elle entendit le petit s’amuser dans les flaques. Sur le moment, elle n’avait pas fait attention. Sa longue fourrure plaquée contre son corps musculeux, tous ses sens étaient légèrement affaiblis par la pluie.

Cela dit, lorsqu’elle remarqua le manque d’attention de ses guerriers et qu’elle entendit les reines se disputer, elle comprit que quelque chose clochait. C’est ainsi qu’elle s’était dirigé vers le garnement, déjà à bout de patience. Sa démarche était lourde, ce qui était rare chez elle. Or, la pluie, le poids de son pelage détrempé et la fatigue d’avoir déjà participé à une patrouille avaient considérablement réduit sa patience.

Lorsqu’elle était arrivée face au petit, celui-ci avait eu la présence d’esprit de se plaquer au sol, un air coupable sur le visage.

«Petite Colombe. Qu’est-ce que j’ai dit sur les sorties aujourd’hui ?», s’enquit-elle sévèrement.

«Que c’était interdits...», grommela faiblement le petit chaton gris.

«Et pourquoi c’est interdit ?» Devant son mutisme, elle poursuivit : « Parce que tu pourrais attraper froid. Et si tu attrapes froid, tu deviens contagieux. Et ça, ça peut être dangereux pour tes frères et sœurs. Tu comprends Petite Colombe ?»

Devant le regard insistant de sa mère, le chaton répondit :

«Oui, Étoile Songeuse.»

«Bien» Puis, considérant qu’elle avait été un peu trop dure avec le chaton, elle ajouta d’une voix plus douce « Ne t’inquiète pas, lorsque la pluie s’en ira, vous pourrez aller jouer dans les flaques d’eau. »

Légèrement ragaillardi à cette idée, Petite Colombe suivit sa mère jusque dans la pouponnière. Celle-ci la remercia d’un mouvement de la queue, puis disparut avec sa portée. Retenant un soupire, elle retourna vers les guerriers qu’elle avait réuni pour la patrouille. Aucuns apprentis n’y figuraient, et c’était voulu. Elle voulait ménager le plus possible son Clan. Cela dit... Il manquait toujours un félin pour compléter la patrouille. En se comptant, ils n’étaient que trois. Pour une patrouille, ce n’était pas suffisant. Elle ne pouvait même pas demander à son compagnon, puisqu’elle avait envoyé celui-ci se reposer. En fait, elle lui avait surtout ordonné. Cette humidité ravivait ses anciennes blessures, elle le voyait bien.

Son regard émeraude passa tout le clan en revu. Non, pas lui, il revenait de chasse. Ni elle, elle semblait réellement épuisée... Oh, tiens, qui était ce félin qui sortait de la tanière des guerriers ? Elle plissa des yeux, puis reconnut la silhouette de Vipère. Oui, il sera parfait !

S’armant d’un sourire amical, après tout, elle allait devoir demander au guerrier de se mouiller plus que les pattes pendant un bon moment, elle s’approcha de lui.

«Vipère ? J’aurais besoin de toi pour compléter la patrouille du midi. Tu as mangé ? »