Nuage de l'Océan vient de se réveiller. Elle voit encore un peu flou, alors elle cligne des yeux plusieurs fois avant de se redresser lentement et paresseusement pour s'étirer, étendant ses pattes avant. Elle est très gracieuse, mais elle s'en moque. Elle baille, ce qui dévoile ses crocs. Ses crocs, blancs, pointus, qui lui permettaient de tuer ses proies. Puis son regard balaye la tanière des apprentis. Elle aperçoit un pelage noir.
~Nuage du Démon~ se dit-elle.
Il est beau, dans la lumière qui filtre à travers l'entrée de la tanière. Puis la femelle charbonneuse secoue la tête. Elle doit se concentrer sur autre chose. Il est trop jeune. Trop faible... Enfin, faible. Tout le Clan le craint déjà. Un véritable démon, paraît-il. N'importe quoi. Elle se faufile à l'extérieur, et se rend compte que le soleil est déjà haut dans le ciel. Soudain, son ventre gargouille. Elle marmonne :
"Bon, j'ai faim, et je suis pleine d'énergie. J'ai envie d'aller chasser, mais j'ai pas le droit. Conclusion : je vais chasser !" s'exclama-t-elle, s'attirant quelques regards. Elle se fait toute petite. Elle n'a pas envie qu'on sache où elle va, et encore moins qu'on sache qu'elle enfreint le Code du Guerrier. Oh, non pas qu'elle chérissait le Code du Guerrier par-dessus tout, sinon elle ne l'enfreindrait pas, mais elle se dit que si elle ramène des proies pour le Clan, on se fera pas d'histoires. Nuage de l'Océan croit au Clan des Étoiles, malgré ses origines solitaires, mais elle trouve idiot qu'on lui interdise de sortir pour chasser, sachant que telle ou telle autre loi disait qu'il fallait chasser pour son Clan et penser à lui avant soi ! Enfin bref, elle a arrêté de chercher à comprendre depuis un bon bout de temps. Elle respecte les règles qu'elle pense plus importantes, et oublie "involontairement" les autres. Mais elle est fidèle au Clan de la Rivière, elle donnerait sa vie pour lui. Son ventre gargouillant à nouveau la ramène à la réalité. Elle s'approche de la pouponnière, par où elle peut s'éclipser discrètement sans se faire remarquer. Les cris et pleurs des chatons se font entendre depuis l'intérieur.
~Tous des geignards~ se dit-elle.
Elle sort du campement et commence à se diriger vers la Prairie, où elle pourrait chasser en toute tranquillité et sans spectateurs. Elle est déjà bien éloignée du camp quand elle entend un bruissement dans les buissons derrière elle. Nuage de l'Océan se retourne en montrant les crocs, puis hûme l'air.
~Un chat du Clan de la Rivière ! Je suis démasquée ?~ s'inquiéta-t-elle.

Je m'étire doucement dans la pouponnière. Dans quelques jours je serais apprentie et j'ai les pattes qui fourmilent à l'idée de sortir du camp. Je saute à l'extérieur de la pouponnière où je quitte les cris et les pleurs de mes camarades de tanière. Dehors il fait beau et l'air est agréable. Soudain je vois Nuage de l'Océan une femelle noire charbonneuse que j'apprécie beaucoup. Elle murmure quelque chose que je n'arrive pas à entendre. Puis je vois qu'elle part sans doute chasser. Je la suis en douce. Elle se dirige vers une prairie assez verdoyante. Je me mets derrière un buisson. Mais je fis un bruissement. Je vois que Nuage de l'Océan se retourne puis elle montre les crocs. Quand je vois ses longs crocs blancs je tremble un peu puis me resaisit. Je l'entends s'inquiéter et dire :

-Un chat du Clan de la Rivière ! Je suis démasquée ?

Je ne répondit rien pour voir ce quelle allait faire. Curieuse et inquiète en même temps car si Nuage de l'Océan me dénonçait j'aurai de très gros ennuis. Je pense être comme Nuage de L'Océan je n'aime pas beaucoup enfreindre le code du guerrier. Cela me causerait aussi pas mal de problème car j'ai déjà eu du mal à m'intégrer. A cette perspective je me remis à frémir. Que penserais t'on de moi ? N'aurais je pas du rester solitaire ? Dois je rentrer au camp tout de suite ? Devrais je partir ? Toutes ces questions me tracassaient et je priais très fort à l'intérieur de moi pour que je n'ai pas trop de soucis quand je rentrerai au camp si je rentrai au camp. J'observai et je sentais les odeurs de la forêt pour me rassurer et me tranquiliser un peu car j'étais tout sauf tranquille. Je bouillonnais à l'intérieur de moi-même et je ne pouvais rien contre ce feu ardent qui me prit de court et montais à la gorge. Je m'efforçai à rester de glace alors qu'à l'intérieur de moi c'était le feu le plus ardent du monde.

Nuage de l'Océan hûme l'air à nouveau puis gronde d'un air menaçant. Elle a identifié plus précisément le membre du Clan, et feule :
"Petite Plume, sort de la tout de suite, et inutile de protester j'ai reconnu ton odeur."
Décidément, l'apprenti noire hait vraiment les chatons. Ils sont minuscules et insignifiants, mais ils sont toujours là quand il ne faut pas ! Pourtant elle n'arrive pas à en vouloir à Petite Plume. Enfin, elle la déteste moins que les autres, on va dire. C'est vrai quoi, il faut que Nuage de l'Océan soit solidaire ! Elles ont toutes les deux perdu leur famille, et elles étaient toutes les deux Solitaires avant de venir au Clan de la Rivière. Néanmoins la chatonne n'est toujours pas sortie des buissons, ce qui commence à agacer sérieusement l'apprentie. Elle crache avant d'ajouter, menaçante :
"Petite Plume, tu sors maintenant de ce buisson ou je vais t'y chercher ! Je compte jusqu'à 3. 1... 2... 2 et demiii... PETITE PLUME !
Nuage de l'Océan bande ses muscles, prête à bondir. Bien sûr, elle ne sort pas ses griffes, elle n'a pas envie de blesser la petite. Elle fléchit les pattes, prend son élan... Puis s'arrête. Ce ne serait sûrement pas bien vu de traiter la chatonne comme une proie. Alors elle s'assied et elle attend que la bestiole sorte de sa cachette.
"2 trois quaaarts..."
Elle sent la peur de la chatonne blanche, elle perçoit ses tremblements. Elle se surprend à avoir pitié d'elle. Elle repousse ce sentiment inapproprié, Petite Plume n'avait qu'à pas la suivre en dehors du campement. Espérons que sa situation après avoir fait cela lui servira de leçon.
Elle sait qu'en ce moment, ses propres yeux brillent d'une lueur malicieuse. Ses beaux yeux dont elle est si fière, ses beaux yeux perçants qui attirent les apprentis de son âge. Peut-être bien quelques guerriers aussi. Puis l'apprentie charbonneuse ferme les paupières, et les rouvre. Elle observe la forêt, et son regard dévie sur le buisson où est camouflée la chatonne duveteuse. Elle sera bientôt apprentie, d'ailleurs. Elle pense déjà à l'horreur que ce serait de partager la tanière des apprentis avec elle ! Déjà qu'elle avait du mal avec les autres novices... Ils lui semblent tous inférieurs. Tous des faiblards. Sauf Nuage du Démon, lui souffle une voix dans sa tête. Puis elle se reconcentre, elle s'imprègne des odeurs des sous-bois. Elle croit apercevoir une tâche de pelage blanc dans les buissons. Donc je ne me suis pas trompée, pense-t-elle. Étrangement, elle s'en sent fière. Son odorat est de plus en plus développé. Elle se lèche le poitrail, fixant néanmoins encoe et toujours le buisson.

Je remarquais que Nuage de l'Océan huma l'air encore une fois. Le vent m'avait trahie et maintenant Nuage de l'Océan me feula :

- Petite Plume, sort de la tout de suite, et inutile de protester j'ai reconnu ton odeur.

Je voulais sortir mais mon pelage s'est pris dans ce satané buisson et je n'arrivais pas à m'en dépétrer. Mais je ne dis rien ce qui attisait encore plus la colère de Nuage de L'Océan qui me cracha ouvertement :

- Petite Plume, tu sors maintenant de ce buisson ou je vais t'y chercher ! Je compte jusqu'à 3. 1... 2... 2 et demiii... PETITE PLUME !

J'étais toujours coincée dans le buisson mais je remarqua très clairement que Nuage de l'Océan allait me sauter dessus. Elle banda ses muscles, sortis les griffes. Je me pliais et me tortillait car je ne pouvais quasiment pas bouger. Puis il se coupa dans son élan. Je pense qu'elle avait peur qu'on la voie mal si elle faisait ça mais j'ai pleinement conscience que je fait n'est pas autorisé mais tant pis. J'avais presque finis de me sortir de là quand Nuage de l'Océan me dit :

- 2 trois quaaarts...

Je sortis du buisson en tremblant car je ne savais pas ce Nuage de l'Océan allait me faire. Puis je dis à Nuage de l'Océan :

- Je sais que ce que je fais est interdit. Mais je ne pouvais plus supporter la pouponnière. J'avis besoin d'air frais. Et je voulais sortir plus tôt du buisson sauf que je me suis coincée dedans.

J'étais honteuse. Mais on m'avait poussé à bout. Je suis solitaire même trop parfois. C'est tellement difficile de rester dans un endroit clos alors qu'avant j'avais passé toute ma vie à rester dehors et jamais dans un endroit clos. Je devais m'habituer et ne pas me plaindre car j'avais à manger. Seulement je me sentais mal à l'aise parmi tous ses félins. J'étais une chatte assez froide qui cachait ses ses sentiments très bien. Heureusement dans quelques jours j'aurais un mentor qui m'apprendra à chasser et à combattre et feras de moi une redoutable guerrière. Je suis heureuse à cette perspective mais je garde ça pour moi. En attendant j'attends la réponse de Nuage de l'Océan. Je pense que dans moins d'un quart de lune nous serons camarades de tanière alors inutile de devenir ennemies. Je sort un peu de mes pensées et regarde cette chatte charbonneuse magnifique qui me coupe le souffle

Nuage de l'Océan commence à se poser des questions. Vu l'odeur de peur extrêmement présente de Petite Plume, elle aurait dû sortir en courant à "1" ! Elle s'apprête à lui poser une question, quand la chatonne sort enfin du buisson. Son pelage est plein des feuilles et ses poils sont tout emmêlés, et elle dit d'une petite petite voix plaintive :
"Je sais que ce que je fais est interdit. Mais je ne pouvais plus supporter la pouponnière. J'avais besoin d'air frais."
Puis elle a rajouté d'une voix plus faible encore, et un peu honteuse cette fois :
Et je voulais sortir plus tôt du buisson sauf que je me suis coincée dedans."
Nuage de l'Océan aurait voulu se retenir d'un quelconque commentaire, mais elle ne peut pas s'empêcher de pouffer. La chatonne avait peut-être réussi à la suivre, mais elle s'était empêtrée dans un buisson ! Néanmoins l'apprentie ne peut pas rester sans rien faire, et puis elle n'arrive plus à se retenir de rigoler. Petite Plume a réussi à lui faire faire autre chose que cracher des paroles plus acérées que des griffes ! Chose incroyable. Enfin, après, elle n'est pas sûre que feuler et gronder soit une forme d'affection quelconque. Ni même de respect. Encore moins respectueux, elle est tordue de rire devant la chatonne blanche qui contemple ses pattes, penaude. Quand Nuage de l'Océan arrive enfin à reprendre son souffle, elle redresse la tête et son regard retombe sur la fourrure entremêlée de la petite. Elle ne peut pas résister, elle repart dans une crise de rire incontrôlable. Puis elle essaye de se reconcentre, elle fixe un point au loin, les yeux emplis de larmes provoquées par son hilarité. En essayant de rester calme, elle déclare d'un ton à la fois amusé et menaçant :

"Voilà, j'espère que tu y réfléchiras à deux fois avant de suivre quelqu'un en cachette, maintenant ! Allez, rentre au camp, moi je vais chass... rentrer aussi ! Pars devant."
Bon, bien sûr, elle n'a pas l'intention de rentrer, mais ce n'est qu'un bébé ignorant, elle va m'écouter, et puis après la frousse que je lui ai flanqué, se dit-elle. Elle a presque envie de ronronner tant elle est fière d'elle. Elle se retient cependant. Elle sent déjà des odeurs alléchantes de proies, alors elle va éviter de provoquer la chatonne. Bien que ce soit d'ailleurs une chatonne. Elle pouffe intérieurement. Elle craint de provoquer une chatonne ! Elle se reprend, ce n'est pas elle qui doit avoir peur d'une chatonne, c'est la chatonne qui doit avoir peur d'elle. Alors, en grondant, elle indique du museau la direction du camp.

Nuage de L'océan commença à pouffer et cela m'énerva profondément. Mais je reste diplomate. Je fais tout mon possible pour que mes derniers jours de chatonne se passent bien mais ce manque de respect me hérisse le poil mais je ne montre rien car ce serait de mauvais genre. Elle me dit d'un air mi-amusé mi-menaçante :

- Voilà, j'espère que tu y réfléchiras à deux fois avant de suivre quelqu'un en cachette, maintenant ! Allez, rentre au camp, moi je vais chass... rentrer aussi ! Pars devant.

Je sais qu'elle ne vas absolument pas rentrer. Mais moi je vais rentrer car suivre une chatte aussi désagréable me dégoûte. Dire que je l'admirais autrefois. Il n'en ai plus. Je repars et rentre au camp sans lui adresser un regard. J'en ai vraiment marre et j'ai envie d'exploser mais je garde mon sang froid. Je me dépêche car le temps devient menaçant. Je prends également le soin de faire une toilette pour enlever les brindilles et lisser mon pelage blanc. Je mets une patte dans le camp et je vois que personne n'as remarqué mon absence. Je remarque également que Nuage de l'Océan ne m'as pas suivi et ça ne m'étonnes même pas. Soudain je remarque une goutte d'eau puis une deuxième puis toute une averse. Je rentre dans la pouponnière et dit bonjour aux reines. Elles me demandent si j'ai passé une bonne matinée et je leur dit :

- Oui j'ai finis de voir le camp de fond en comble. Mais je suis pressée d'être dans quelques jours que je voie la forêt. Mais pour l'instant je vais me reposer.

Les reines approuvent ma décision. Je me glisse dans mon nid de roseaux puis je m'endors bercée par le bruit des gouttes de pluies. Je rêve de choses étranges telles que la rivière qui déborde de son lit, les parfums entêtants de la forêt puis je rêve de Nuage de l'Océan et ça me gâche un peu mon rêve et pour finir je vois ma mère. Elle est plus scintillante qu'une étoile. Elle se frotte à moi et son délicieux parfum me revient. Elle me dit d'une voix douce :

- Je suis venue te voir pour te prouver que le clan de la rivière t'aime bien. N'écoutes pas tes sombres pensées et prends la vie d'un aspect plus positif. Tout iras mieux et tu ne sera jamais seule. Le clan des étoiles, moi et ton père veilleront toujours sur toi. Tu as fait le bon choix d'intégrer un clan. Garde la foi et respecte le code du guerrier et tout ira bien. Et ne soit pas en colère contre tes camarades de clan. Surtout n'oublie pas. Je veillerai toujours sur toi.

Ces paroles me rassurent. Quand je me réveille l'averse à fait place à un grand soleil. Je reste dans ma tanière pour l'admirer.

HRP : Ceci est mon dernier message en tant que chaton

Je vois la chatonne s'éloigner. Plus aucune trace de peur n'émane d'elle quand ses petites pattes la mènent vers le campement, seulement une vague de fureur qui me traverse telle une griffe acérée. J'en frissonne, c'est une sensation horriblement désagréable. Puis je me questionne : contre qui est-elle en colère ? Contre moi... ou contre elle-même ? Probablement un peu des deux. Mais pourquoi m'en voudrait-elle ? Puis j'ai une illumination. Elle est vexée parce que je me suis moquée d'elle ! Eh bien il va falloir qu'elle s'y fasse, je ne lui accorderait pas de traitement de faveur ! Quoique... Elle me plaît bien, cette petite. Bon, un peu inconsciente et maladroite, mais aussi courageuse et douée pour la traque. En effet, même si je ne l'admettrai en public pour rien au monde, je ne l'avais en aucun cas repérée quand elle m'a pris en filature, jusqu'à ce qu'elle fasse bruisser ce buisson. Est-ce que je devrais aller m'excuser ? Mhh... Sûrement, mais ce n'est pas dans mes habitudes, on va me prendre pour une faible...
"Tu es faible" souffle une petite voix dans ma tête.
Je grogne, cette voix dit n'importe quoi. Je secoue la tête et je réfléchis. Bon, je pèse le pour et le contre.
Le pour : Petite Plume... d'ailleurs, s'appelle-t-elle encore Petite Plume, au moment où j'y pense ? Si cela se trouve, j'ai raté son baptème d'apprentie et avec un peu de chance on n'aurait pas remarqué mon absence. Dans tous les cas, elle a atteint ses 6 lunes, c'est sûrement Nuage de Plume maintenant. Euh, donc, Nuage de Plume ne sera plus vexée, ni en colère. Deuxièmement, j'aurai sûrement une amie -et alliée- dans la tanière des apprentis.
Contre : si l'on me voit m'excuser, ma réputation est morte !
Résultat, je vais m'excuser ! Bah oui, si je le fais discrètement, personne ne me verra ! J'ai donc décidé, et je remets ma partie de chasse à plus tard. D'ailleurs, une fois que je serai pardonnée, peut-être Nuage de Plume acceptera-t-elle de venir chasser avec moi ? En tout secret, bien entendu. Pendant que je me pose ces questions, mes pattes me ramènent vers le campement. J'ai failli me prendre plusieurs troncs sur le chemin, mais j'arrive saine et sauve devant la tanière des apprentis où je passe la tête dans l'entrée et miaule, sans hésitation mais au contraire d'un ton pressant :
"Nuage de Plume, tu viens s'il te plaît ? J'ai un truc à te demander.

J'attends sa réponse. J'ai d'ailleurs peur qu'elle ne réponde pas, ou qu'elle soit encore une chatonne, dans la pouponnière, auquel cas je parle soit à un mur, soit à un autre apprenti, et je suis ridicule. Je n'ai jamais été ridicule. Je reste fière. Nonchalante mais fière. J'espère ne jamais avoir honte un jour. J'espère.

J'étais enfin baptisée. J'étais si contente de voir la lueur de fierté de mes mères adoptives de la pouponnière et même de la fierté du clan. Le seul point noir c'était Nuage de l'Océan. Elle n'a même pas dédaigné assister à mon baptême. Je lui en veux un peu mais je me contrôle pour ne pas laisser la colère me gagner. Je vais chercher des roseaux pour faire mon nid. Cela me prends un peu de temps. Je vais discuter avec les autres apprentis : Nuage du Démon et Nuage d'une Lueur. C'est agréable. On partage 1 assez gros poisson. Je leur demande si ils savent où est Nuage de l'Océan. Ni l'un ni l'autre ne savent où elle est. Je vais dans la tanière des apprentis et j'entends derrière moi :

- Nuage de Plume, tu viens s'il te plaît ? J'ai un truc à te demander.

Je me retourne et je vois Nuage de l'Océan devant l'entrée de la tanière des apprentis. Je m'approche d'elle et lui dit :

- Comment tu sais mon nouveau nom ? Tu n'étais pas là à mon baptême. Mais c'est ok je veux venir. Je te suis.

Je sortis de la tanière des apprentis. Et attendis qu'elle avance ou me parle. Je ne craignais rien d'elle. Je tentai de suivre ce que m'as dit ma mère. Mais j'ai toujours une pointe de colère à l'intérieur. Je la cache au maximum en maitrisant mes émotions. Ce que j'arrive à faire très bien. Elle se mets debout et avance à l'autre bout du camp. Je fais de même tout en restant de marbre. A l'orée du camp elle s'arrête et moi aussi. Je lui demande alors à ce moment :

- Que voulais tu me dire ?

J'étais impaciente de savoir ce qu'elle allait avoir à me dire. Sans doute elle allait s'excuser. Ou autre chose. Je m'assois et fait ma toilette en attendant qu'elle se décide à parler. Pendant tout ce temps je reste impassible. Mais je commence à frissonner car la température commence à chuter. Et l'air devient glacial tout comme moi. Le soleil commence à sombrer dans la forêt infinie. Mais je me resaisis et arrête de frissonner pour prouver à Nuage de l'Océan que je suis tous sauf une chatonne faible et sans aucune résistance. Je la fixe dans ses yeux profonds et perçants de mes yeux bleus glacier. Je remarque en même temps que mon pelage blanc est soufflé par le vent.

Je vois Nuage de Plume qui se retourne vers moi. Je suis soulagée, ce n'est pas aujourd'hui que je me ferai ridiculiser. Et puis elle m'adresse la parole :
"Comment tu sais mon nouveau nom ? Tu n'étais pas là à mon baptême. Mais c'est ok je veux venir."
Je voudrais lui répondre que je suis devin, mais je m'abstiens. Je vais éviter de la faire sortir de ses gonds plus qu'elle ne l'est déjà. Oh, elle n'en montre rien, si ce n'est que ses mâchoires sont si serrées qu'on pourrait y briser une pierre et que ses muscles sont tendus à l'extrême. Elle a beaucoup à apprendre en matière de dissimulation de ses ressentis, néanmoins elle ne s'en sort pas mal. Moi j'ai eu tout le temps d'apprendre, en deux lunes d'errance. En repensant à ces souvenirs douloureux, je sens les larmes me monter aux yeux. Je les contrôle du mieux possible, mais, mesure de sécurité, je me détourne pour que Nuage de Plume ne me voie pas comme ça. Je me dirige vers l'autre bout du camp, et j'entends le martèlement des pattes de l'apprentie blanche derrière moi. Pire qu'un blaireau pataud... Mais bon, elle n'est pas au courant que je veux être discrète, donc je lui pardonne. Je m'arrête à l'orée du campement, et je balaye la clairière du regard, histoire que personne ne s'aperçoive de notre départ. Je m'apprête à lui intimer de me suivre jusque dans la Prairie, quand elle dit :
"Que voulais-tu me dire ?"
Et puis, voyant que je ne lui réponds pas tout de suite, elle s'assieds et commence à faire sa toilette. Je lâche un ronron amusé ( incroyable ! ). Quel irrespect ! Enfin bon, je suis pas un exemple pour ce qui est du respect d'autrui... Je la fixe, mi-amusée mi-impatiente et je lui dit d'un ton pressé :
"Pas ici, allons dans la Prairie. En plus il commence à faire froid, on va courir en chemin pour se réchauffer. Et restons discrètes s'il te plaît !"
Je commence à m'avancer dans la forêt, mais une force irrésistible m'oblige à me retourner :
"Et attention aux buissons !" j'ai ajouté, malicieuse et en aucun cas provocatrice.
Je regretterais presque mes paroles... Elle va encore se vexer, susceptible comme elle est... M'enfin, j'essaie juste de plaisanter ! Alors juste avant de m'élancer sur le sol feuillu des sous-bois, je la gratifie d'une pichenette du bout de la queue sur son museau, et puis je cours, je cours, j'ai l'impression de voler. Non, ce n'est pas une impression. Je vole. Je suis libre.

Nuage de l'Océan lâcha un ronron mi-amusée mi-impatiente. Elle m'énerva à me manquer de respect comme cela. Puis elle ajouta d'un ton pressé:

- Pas ici, allons dans la Prairie. En plus il commence à faire froid, on va courir en chemin pour se réchauffer. Et restons discrètes s'il te plaît !

La colère commence à me monter à la truffe mais je l'ignore ou tout cas je tente de l'ignorer et j'ai envie de me moquer d'elle car elle ne sais pas se décider mais je n'extériorise pas mes sentiments sinon je serais explosive. Avant la mort des parents je l'étais. Je remue la griffe dans la plaie et ça me fais mal. J'ai développé une carapace indestructible autour de moi et rien ne pourra la faire craquer même pas Nuage de l'Océan. En plus elle ose ajouter :

-Et attention aux buissons !

C'est la goutte d'eau qui fait déborder la rivière. J'explose intérieurement mais je ne montre rien et je ne laisse rien sortir à l'extérieur. Mais à l'intérieur toute l'eau de la rivière ne pourra rien contre le feu de ma colère. Et Nuage de l'Océan ose me gratifier d'une pichenette sur la truffe. J'ai envie de lui mettre un coup de patte mais je suis respectueuse alors je ne le fais pas même si j'en ai profondément envie. Je vois Nuage de l'Océan qui s'élance puis je décide même si je n'en ai pas envie de la suivre. En plus elle me demande d'être discrète alors qu'elle fait plus de bruit que tous les clans réunis à une assemblée tandis que moi je suis aussi discrète qu'une ombre. On avance puis on passe dans les buissons où je me faufile sans me coincer cette fois. Puis on arrive dans la prairie. Elle est déserte. Nuage de l'Océan avance dans un petit coin et je la suit. Arrivées dans ce petit coin elle s'assois et je fais de même. J'attends qu'elle parle. Je me demande si elle va s'excuser ou pas. Je réfléchis aux raisons qui pourraient que je la pardonne. J'ai dû mal à en trouver. Pour : Tu es gentille, tu es indulgente et tu pardonne à tes camarades de clan quels qu'ils soient. Contre : Tu n'es pas dupe, elle va te refaire un mauvais coup et il faut qu'elle comprenne que ce n'était pas bien ce qu'elle a fait. Ces voix me sifflaient dans la tête. Je ne savais pas quelle de ces 2 voix écouter. Puis je pris une décision. J'allai attendre de voir ce que me dirai Nuage de l'Océan puis je me fierais à mon instinct.

Mes pattes touchent à peine le sol tellement je suis rapide. Je me rends compte que je fais énormément de bruit, moi qui ai intimé à Nuage de Plume de rester discrète... Tant pis, le mal est fait, et nous arrivons sur la Plaine. La Plaine, verdoyante et ondulante sous le vent, comme la Rivière, sa sœur de couleur bleue... En soi, ce n'est pas pour rien qu'elles sont sur le même territoire.
~Nous avons les meilleurs terrains de chasse imaginables~, me dis-je.
J'aperçois un petit espace entre deux chênes qui ne serait pas mal pour une petite discussion secrète, alors je change de direction et je me dirige vers la petite cachette, celle-ci dissimulée à moitié dans les plantes. J'arrive à pleine vitesse, et je freine tant bien que mal avant de déraper sur le sol et de me rattraper in extremis au tronc de l'arbre à l'aide de mes griffes. Nuage de Plume n'a pas l'air d'avoir assisté à cette scène plutôt gênante, tout du moins quand elle s'assieds en face de moi, elle ne me le fait pas savoir. Par contre elle a l'air de bouillir intérieurement.
~Je l'ai vraiment énervée~, constatais-je, un peu surprise.
Aucun humour, décidément. Enfin, elle n'était peut-être pas apte à plaisanter et je l'ai énervée plus qu'autre chose. Je la fixe dans les yeux et je m'aperçois que je peux lire ses émotions. Je sursaute, un peu et même beaucoup... choquée ? étonnée ? Sûrement un peu des deux. Et donc je fais le diagnostic : elle est en colère et autre chose, une chose indescriptible, quoique... hésitante ? Puis je me décide, je prends une grande bouffée d'air frais, et je me sens prête à affronter n'importe quoi, cela incluant une apprentie furieuse. Finalement, je prends une si grande inspiration que j'ai envie de tousser, mais je sens que je peux me retenir. Qu'est-ce que je fais ? Je ne me retiens pas ? Comme ça, elle rigole, et se détend ? Ou bien elle se moque et je me sens ridicule... Oh, et puis zut, je me retiens. En fait, je crois que j'aurai mieux fait de tousser. J'ai dû faire une tête tellement étrange en voulant éviter de tousser... En effet, quand je la regarde, elle sourit discrètement. Bon. Elle est venue, l'heure de se faire pardonner. J'ouvre la gueule pour miauler mes excuses, et, je sens que je vais être bizarre : mes premières excuses ! Enfin bref. Je lui dis faiblement :
"Pardonne-moi de m'être jouée de toi, Nuage de Plume. Tu sais, je voulais pas te vexer, enfin, je sais que ça peut paraître débile ce que je te dis mais... Je crois que quand j'ai essayé de te faire rire, tu l'as mal pris... Je n'ai jamais voulu te mettre en colère !"
Je m'arrête un instant, ces paroles me coûtent mais je suis sincère, ces paroles viennent de mon cœur, aussi vrai que je m'appelle Nuage de l'Océan ! Je reprends, donc.
"J'avoue que me moquer de toi était absurde, et je regrette... Si tu savais comme je regrette ! Je ne veux qu'être ton amie à présent. Pardonne-moi."
Quand j'ai fini de parler, ma gorge est sèche et je n'ai plus de souffle. J'ai tout dit d'un coup, ces derniers mots ! Je crois que.. Je crois que j'ai trouvé ma première véritable amie. Oh, pardon, Nuage de Plume !

Nuage de L'Océan me dit d'une voix assez faible :

- Pardonne-moi de m'être jouée de toi, Nuage de Plume. Tu sais, je voulais pas te vexer, enfin, je sais que ça peut paraître débile ce que je te dis mais... Je crois que quand j'ai essayé de te faire rire, tu l'as mal pris... Je n'ai jamais voulu te mettre en colère !

Enfin elle me dit des excuses. Je vais lui pardonner car certes elle a été en tort mais elle l'a reconnu et s'en excuse donc le pardon est la meilleure chose à faire dans ses cas là. J'allai lui mon prononcer mon pardon mais elle continue :

-J'avoue que me moquer de toi était absurde, et je regrette... Si tu savais comme je regrette ! Je ne veux qu'être ton amie à présent. Pardonne-moi.

Je remarque quand elle finis elle n'a plus de souffle et elle a la gorge sèche alors je prends une grande inspiration et je lâche prudemment :

- Je te pardonne mais je reconnais que j'ai moi aussi été en tort je n'avais pas à sortir de la pouponnière car je n'étais pas encore apprentie mais il faut comprendre que j'en avais par dessus la tête de rester avec ces chatons braillards alors qu'avant j'avais mené une vie solitaire. J'ai encore un peu de mal à m'habituer à vivre dans un clan même si ça fait plus de 3 lunes que je vis parmi vous. Et j'accepte qu'on soit amies au fait Nuage de L'Océan

Je me suis un peu confié à elle et ça fait du bien. J'ai l'impression d'être légère légère légère puis j'ajoute à Nuage de L'Océan :

- Rentrons car nos camarades de clan vont s'inquiéter d'accord Nuage de L'Océan ?

En effet la lune commençait à pointer le bout de son nez et la nuit hivernale à tomber et le froid également, je commençais à frissonner car mon pelage était quand même beaucoup plus fin que celui de Nuage de L'Océan. En attendant sa réponse je l'observais même dans la nuit elle est magnifique pelage noir ébourifé, ses yeux dont un est d'un bleu océan dont on a l'impression de se noyer dedans et son autre d'un violet envoutant, son corps fin, ses longues pattes et queue longue et fine ébourifée elle aussi. Je me sentais très petite même si on a seulement quelques lunes de différence. Contrairement à elle j'étais petite et j'avais de petites pattes et une petite queue. Même avec beaucoup de différence je sentais que l'amitié avec Nuage de L'Océan allait être grande et belle. Tout du moins je l'espèrais ce serai signe que j'aurai au moins une amie au clan de la rivière car je me sentais seule depuis que Nuage du Démon était parti. Et ça fait aussi du bien d'avoir des amis de mon age.