C'était la nuit qui imposait son règne silencieux; les chouettes se taisaient, le vent ne sifflait, la pluie ne tombait. Il en résultait qu'Oxymore du Clair-obscur s'était décidée à se promener; une promenade nocturne. Comme si ce n'était pas la première. Elle se hasarda à l'entrée du camp sur sa destination; alors qu'elle tergiversait ainsi, un bruit éveilla son attention. Elle détourna le regard vers son origine et, avec une surprise non dissimulée, observa Petite Lune, une petite féline du clan, poursuivre un papillon.
Peut-être pourrais-je m'amuser un peu, finalement, se susurra Oxymore. La guerrière la suivit à pas feutré, silencieuse; la plus jeune se dirigeait, insouciante, vers la plaine herbeuse.
O h, je vois... Madame ne sait donc point qu'il y a des serpents ! ricana-t-elle en son for intérieur. La femelle ébène la suivit un long moment, avant que la papillon de Petite Lune ne se posa sur une roche. Un bruissement de feuille se fit alors entendre; léger, mais suffisant pour faire paniquer la jeune chatte.
« - Hého ! Y'a quelqu'un ?, cria-t-elle. »
Ne parvenait-elle donc pas à apercevoir Oxymore ? Cette dernière était tapis derrière le rocher, guettant les réactions du chaton face à sa solitude. La guerrière s'en amusait; si innocente, si insouciante, si...
fragile ! Mais elle se retiendra de planter ses crocs dans la chair tendre du chaton; elle avait un bien meilleur plan pour parvenir à ses fins. Un bruit sourd la sortit de ses sombres pensées; Petite Lune venait de tomber.
« - Aïe ! »
Elle eut beau gesticuler, elle ne se releva pas. Une de ses pattes semblait la faire souffrir, puisqu'elle ne parvenait pas à la bouger. Sans doute dans un ultime effort, elle poussa un gémissement à fendre l'âme. Un gémissement de
faible. Un gémissement qui n'apitoyait guère Oxymore sur le sort de Petite Lune.
« -J'ai peur...Je veux rentrer cher moi ! »
Quelques reniflements, puis le silence. Oxymore du Clair-obscur se décida enfin à s'approcher; à pas lents, elle observa la petite boule de poils repliée sur elle-même, puis lui jeta un regard dédaigneux. Elle la renifla quelques instants, avant d'annoncer :
« - Sais-tu qu'il est plutôt... Dangereux, de traîner par ici ? Surtout pour un chaton fugueur. »