EPHEMERE ARGENTEE FT ETOILE DES SABLES
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« Tous les changements, même les plus souhaités ont leur mélancolie, car ce que nous quittons, c’est une partie de nous-mêmes ; il faut mourir à une vie pour entrer dans une autre. »



Anatole France




Il était menaçant, ce bruit. Puissant, il rugissait aux vivants toute la colère des dieux, intarissable, terrifiante. D’épais cumulonimbus obscurs métamorphosaient ce qui devaient être une tendre et claire journée estivale en un sombre jour ténébreux et patibulaire. Ephémère Argentée avait tenté d’effectuer ses tâches de lieutenante mais les pauvres félins trempés étaient peu enthousiastes et rentraient bien tôt de leurs missions claniques. Après plusieurs heures, ce qui s’apparentait davantage à une tempête qu’à un banal orage n’avait pas faibli et la terre trempée des larmes des dieux rendait impossible une quelconque sortie.


Les flancs d’Ephémère Argentée se soulevaient doucement. Comme les autres guerriers, la jeune chatte en avait conclu que cette journée était d’une des celles qu’il fallait mieux passer dans les douces volutes de la léthargie. Bientôt, ses prunelles céruléennes aux accents maritimes, encore nébuleuses des brumes protectrices de l’inertie, vinrent contraster avec son beau pelage d’une pureté angélique. Elle s’était trouvée baladée dans d’innombrables songes absurdes par son inconscient, et était tout de même soulagée d’avoir échappé à ses tourments. Quelques minutes encore, elle se laissa enlacée par les souffles de ses camarades endormis, puis se leva et sortit de la tanière en quelques bonds gracieux, heureuse de quitter l’atmosphère étouffante des sommeils profonds et dépourvus de rêves.


Au dehors, c’était le crépuscule, fragile et éphémère. C’était le moment favori de la jeune guerrière, sans doute car il lui permettait de se raccrocher à son passé, à du concret, plutôt que d’affronter chaque matin une nouvelle aurore, de nouvelles étincelles de chatoiement douceâtres lors du petit jour naissant, promesses trop souvent vaines d’un renouveau. Elle préférait se tourner vers hier plutôt que d’avoir le courage d’affronter l’avenir. Le camp semblait inondé d’un torrent vermeil, photographie jaunie par les ans. Le paysage était gorgé d’une lumière mordorée, et les bois féeriques, chaque feuille, paraissait d’or et de cuivre d’où perlaient les dernières perles scintillantes de l’ondée précédente. La terre semblait maintenant riche et précieuse, et quelques grains de poussière flottaient paresseusement, poussière d’étoile irréelle et ambrée. Les rayons de l’astre roi donnaient au bois un teint halé et orné de diadèmes fleuris. Les pierres apparaissaient comme d’argent d’orfèvrerie et le sable qui tapissait le camp se soulevait sous la brise en nuage poussiéreux, brumeux, cuivré. Et puis il y avait le ciel. La toison céleste formait un dégradé de magenta sanglant et d’azur innocent. De l’union peu commune de ces deux teintes contraires avaient naquis un indigo presque translucide et un candide rose pâle charmant et friand. Toutes les couleurs des sentiments avaient leur place sur la fresque des dieux. Les yeux comme de saphir liquide de la jeune guerrière accueillaient les dernières lueurs colorées au grés des envies du firmament, mais elle n’aurait su qualifier ce qu’elle ressentait de bonheur. Elle se sentait comme prisonnière d’une cage dorée de cristal et de verre.


Elle contempla les dernières étincelles chatoyantes de l’aquarelle peinte par quelques divinités, les dernières images de l’astre diurne rongé par l’horizon brumeux, lointain, insaisissable, sous les cieux divins pas tout à fait éteints. Mais bientôt la lune criblée de cratères argentés, sentinelle de la nuit, vint veiller sur le monde endormi, et mener le bal astral des premières étoiles, lumineuses et charmantes ballerines qui se mouvaient avec grâce et prestance. Après la précédente journée d’averses, les étoiles mouillées faisaient dégouliner leur lumière sur le ciel d’encre, plume des dieux ayant fui sur le papier céleste. Une atmosphère calme et paisible régnait, et quelques lucioles dorées flottaient, comme irréelles. Mais quelques félins encore ensommeillés commençaient à émerger des brume de la léthargie derrière Ephémère Argentée, et soucieuse de tranquillité, la belle en blanc décida de se rendre au grand Sycomore, un coin calme où fleurissaient disait-on les pensées les plus intimes et les rêveries les plus folles. Dans le bois, quelques insectes nocturnes erraient paresseusement au grés des courants des vents bienvenus, l’atmosphère forestière étant soudain lourde et humide sous les géants de bois. Les végétaux ployaient sous les ondulations de force supérieure de la brise arachnéenne, et les poils aériens de la belle guerrière ondoyaient en un mouvement aquatique éthéré. Cette dernière, qui se mouvait avec une élégance délicate, donnait une image presque chimérique, un ange cadeau des cieux chuchotant mille et une paroles aux mortels. Ses pattes d’ordinaire immaculées étaient souillées de la terre noire, meuble et détrempée des sanglots divins. Bientôt, la lieutenante arriva à sa destination, et elle fut hypnotisée par la taille du végétal imposant, royal. Elle s’assit délicatement sur une des racines épaisses et laissa reposer son poids sur le géant de sève, son flanc gauche reposant sur l’écorce brune encore humide, piétinant sa queue d’opale pour ne pas davantage dénigrer ses coussinets d’un rose friand. Alors, gagnée par un bien-être presque enivrant, ivre de paix intérieure et de senteurs délicieuses, la jeune guerrière ferma les yeux.


Mais bientôt, elle constata qu’elle n’était pas seule. Agacée, elle entrouvrit les yeux et découvrit avec soulagement la silhouette auréolée de la pâleur de la lune de sa cheffe. Les deux chattes n’étaient pas particulièrement amies mais se vouaient une confiance mutuelle. Ephémère Argentée vouait un respect sans faille et une admiration révérencieuse à la meneuse considérée de tous. La cheffe s’assit simplement à quelques pas d’Argent, silencieuse, son pelage flamboyant nimbé d’une claire lumière lunaire qui lui donnait un air majestueux mais subtil, serein mais alerte, et bien d’autres contradictions qui faisaient l’admiration de la lieutenante et la perfection à ses yeux d’Etoile des Sables. A nouveau placide, Ephémère Argentée se laissa une seconde fois aller à l’atmosphère magique :


« Que tout s’écroule, Clan des Etoiles, que tout s’écroule. C’est dans ces moments-là, que nous continuerons de danser. Puis, en ouvrant un œil aigue marine : Belle soirée, n’est-ce pas ? »

Le forêt de Cerf Blanc était recouverte d'un épais manteau, non pas de neige, mais de nuage et de brouillard. La matinée avait été plutôt calme bien que les nuages devenaient chaque instant plus sombres, plus menaçants. Peu après midi, l'orage avait éclaté, signifiant le début d'une aire de pluie. Les gouttes avaient commencé à tomber une par une, puis de plus en plus vite jusqu'à créer un rideau de pluie qu'on pouvait à peine traverser, et encore moins voir à travers. Même si les félins faisaient l'effort de réaliser les missions de chasse et patrouilles de frontières, ils ne s'attardaient que peu dehors. Et avec cette pluie torrentielle, peu de gibier s'aventurait hors de leur terrier. Toute la forêt était complètement détrempée. La terre et la boue s'accrochait aux pattes, le poil mouillé et lourd collait à la peau des félins qui s’aventuraient sous la tempête.

Heureusement pour les habitants de la forêt, l'ouragan se calma en début de soirée. Les nuages se dispersèrent, laissant place à un joli ciel bleu. Le soleil vint réchauffer un peu l'atmosphère de ses doux rayons chaleureux et le dôme céleste commençait à se teinter de magnifiques couleurs du crépuscule. Du rouge, de l'orange, du rose, du violacé, du bleu nuit. Tout un arc en ciel de couleur, chaudes pour la plupart, certaines froides, formant un accord parfait.

Profitant de l’accalmie, Etoile des Sables, femelle rousse aux yeux océans, sortit de sa tanière où elle vivait seule. Seule pendant neuf vies. Elle regrettait parfois la tanière des guerriers avec l'ambiance ronronnement-ronflement des guerriers endormis. Mais c'était le prix à payer pour être chef et mener à bien son clan. Ne trouvant sa lieutenante favorite dans le camp, elle confia la garde du camp à un guerrier expérimenté sur lequel elle pouvait compter. Elle avait besoin de sortir un peu. Ses pas la menèrent au Grand Sycomore, un endroit peu souvent visité, mais pourtant bien calme, un endroit idéal pour s’éloigner du brouhaha du camp, un endroit idéal pour réfléchir dans le silence de la nature. Réfléchir à quoi, ça elle l’ignorait. Elle avait juste besoin d’un peu de tranquillité. Durant le voyage, elle admira les différents insectes virevoltants au gré du vent, des grillons chantaient leur mélodie nocturne, et les lucioles, petites lanternes naturelles, embellissaient la forêt avec leur douce lueur.

Arrivée à destination, elle put admirer l’arbre gigantesque qui trônait en plein milieu de la forêt. Cet arbre avait toujours été là et il devait être là depuis au moins une centaine d’année pour être aussi grand. C’était probablement le doyen de toutes les arborescences de la zone. Une tâche blanche attira l’attention de la femelle rousse. Elle dévia son regard et aperçut un félin assit sur une racine, sa queue sous ses pattes. Se demandant qui ça pouvait être, elle s’approcha lentement et reconnut sa fidèle lieutenante au pelage immaculé, Ephémère Argenté. Les yeux fermés, elle semblait presque dormir debout. Ou plutôt dormir assise. Continuant à s’approcher, elle sourit à la femelle blanche lorsque celle-ci entrouvrit les yeux. Pour ne pas la déranger, elle s’assit à quelques pas d’elle puis observa de ses yeux bleus la forêt silencieuse. Elle ferma les yeux un instant à son tour et inspira à fond l’air humide. Ça sentait le bois, la mousse, les feuilles, la terre humide et les champignons. Après la pluie les odeurs de la forêt semblaient plus fortes, plus présentes. Elle rouvrit les yeux lorsque la lieutenante prit la parole.

« Que tout s’écroule, Clan des Etoiles, que tout s’écroule. C’est dans ces moments-là, que nous continuerons de danser. Puis, en ouvrant un œil aigue marine : Belle soirée, n’est-ce pas ? »

Peut-être cet instant serait l’occasion pour les deux félins de faire plus ample connaissance. On ne pouvait réellement les considérer comme des amies puisque chacune n’en connaissait que très peu sur l’autre. Néanmoins, ça ne les empêchait pas de se vouer une confiance mutuelle ainsi qu’un respect inébranlable l’une envers l’autre.

« Belle soirée en effet. La forêt semble toujours différente après une averse. Les odeurs sont plus fortes, plus intenses. On en viendrait presque à découvrir de nouvelles senteurs. »

Etoile des Sables se leva, s’étira légèrement en faisant le dos rond, puis contourna la racine où était installée la jeune chatte pour grimper aux côtés de la femelle. D’un bond, elle fut sur la souche et s’assit confortablement, laissant sa queue dans le vide se balancer de temps en temps de gauche à droite. Elle tourna la tête vers son aspirante.

« ..Alors ? Comment se passe la vie de ma chère lieutenante au sein du clan ? J’espère que le poste te plait, je t’ai choisie car tu as toute ma confiance et je sais que je peux compter sur toi. » Elle marqua une petite pause. « J’aimerai apprendre à te connaitre Ephémère’, nous ne nous connaissons que très peu et je trouve ça un peu dommage. Es-tu du même avis que moi ? »

Ephémère Argentée





Les plus beaux yeux ont souvent pleuré, c'est dans la solitude que l'on se forge.




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« Belle soirée en effet. La forêt semble toujours différente après une averse. Les odeurs sont plus fortes, plus intenses. On en viendrait presque à découvrir de nouvelles senteurs... »




Oh, oui, c'était bien vrai. Ephémère Argentée aimait le Clan du Tonnerre pour sa diversité et ses mille visages, et pour ses terres sans cesse façonnées par les saisons. A l'hiver, on se plaisait dans la poésie des gelures et des sculptures glacées rayonnant des chatoiements de l'astre froid. On aimait à s'imaginer ange d'une pureté altruiste, splendeur rayonnante d'une simple beauté, doté d'une générosité séraphique, être chaste et vertueux.

Le Printemps venu, on renaissait avec le monde et on se laissait bercer de douces aubades printanières. On consentait à la renaissance des chimères et aux sérénades volatiles. Une stupidité naïve nous prenait et on était enivrés par ses senteurs florales nouvelles et doucereuses. Puis vient l'Eté, saison des rêves et des projets. La chaleur assommante est bienvenue, mais voilà, que Oh ! déjà flétrissent les joyaux de la saison précédente, ils meurent tout en poésie, regagnent la terre dure et sèche pour mieux éclater l'an qui suivra, promesse toujours tenue et belle démonstration de renouveau. Peut être la plus mélancolique des saisons par son ivresse qui nous tient, elle paraîtrait presque hors du temps, une trêve estivale accordée avant les difficiles temps à venir.
Puis voici enfin l'Automne, Persephone quitte ce monde. Bien triste saison, figée au crépuscule. Temps d'ambre et de lumière, auréolé d'une brune poussière d'arrière-saison, l'océan d'arborescence se vêt d'une rousseur flamboyante et offre un dégradé de brun, mer en flammes. Un tapis de frêles feuilles craquantes git, faible, sous les pattes, et un dôme de brume d'aspect ouaté donne presque l'impression de toucher le ciel. Une douce mélancolie s'empare des quotidiens, et les nuits réduisent à genoux les tendres moments diurnes.

Dans l'impossibilité de voyager ou de découvrir, Ephémère Argentée rassasiait sa soif de remplir son esprit de paysages exotiques et d'étendues curieuses en contemplant son territoire changeant, déclinant en mille possibilités, palette de teintes et d'aubades d'oiseaux forestiers colorés. Et sa meneuse était dans la raison. Après les intempéries précédentes on ressentait les intelligences forestières, on sentaient sous les membres la terre tremblante sous les galops sauvages, indomptables, des cervidés, les chuchotements suaves de la brise entre les feuilles ivres d'avoir tant bu résonnaient, la terre meuble et malléable était douce sous les pattes, une sensation cotonneuse et agréable, et les senteurs en devenaient presque matérielles, on les sentait sous la langue, délicieuses, enivrantes. Les sens exaltés ne pouvaient qu'en être comblés.

Alors que la belle lieutenante se trouvait une fois de plus prisonnière de son navire dérivant sans capitaine dans les méandres de ses pensées, jusqu'à toucher l'horizon de ses doigts tremblants et la limite inatteignable de son imagination, la cheffe au pelage incendié étira gracieusement ses muscles endoloris, contourna la jeune guerrière immaculée et s'installa sur une souche basse, laissant sa queue danser sous le faible vent arachnéen. Elle fixa intensément son beau regard bleuté vers les prunelles céruléennes de sa lieutenante.


« ...Alors ? Comment se passe la vie de ma chère lieutenante au sein du clan ? J’espère que le poste te plait, je t’ai choisie car tu as toute ma confiance et je sais que je peux compter sur toi. » Puis une pause. « J’aimerais apprendre à te connaître Ephémère’, nous ne nous connaissons que très peu et je trouve ça un peu dommage. Es tu du même avis que moi ? »



Ephémère Argentée s'en trouva muette : l'avait-on déjà questionnée sur son bonheur ? Elle ne su quoi répondre, ses muscles se contractèrent, n'est ce pas pitoyable d'avouer qu'elle trainait son passé partout, qu'il polluait son oxygène, agissait tel un poison dans son sang au même titre qu'une vapeur de cigarette qui causaient lentement la mort de ses organes et prolongeait l'hémorragie de son cœur qui saignait depuis si longtemps qu'elle se demandait ce qui la maintenait en vie ... Son passé peut-être ? Comme une drogue, ses réminiscences la conservaient mais la détruisaient, bien ironique et pathétique situation n'est ce pas ? Les défunts avaient un bien sombre humour.



« Eh bien ... Je suppose, oui. J'aime agir, et avoir un rôle, même si nous sommes tous indispensables je suppose. J'aime voir mes apprentis progresser, me dire que je prolonge une lignée de guerriers en étant leur tuteur. Je me sens utile, sans doute. C'est peut-être une des meilleures choses qui me soient arrivée, parmi d'autres maigres moments de bonheur. J'ai toute confiance en toi également, nous avons de la chance de t'avoir Etoile des Sables et je me sens on ne peut plus honorée d'être ton aspirante, je n'aurais pu rêver meilleur tuteur pour déjà apprendre mon futur rôle qui ô je l'espère sera tardif ... Oui, il est vrai, nous ne nous connaissons pas spécialement, mais en ce qui me concerne il n'y a rien à savoir. Je n'ai pas de famille comme beaucoup de chats de clan, rien d'original. »




Sans doute avait-elle été un peu brutale sur ses dernières paroles. Elle soupira et baissa les yeux, ferma ses paupières et anxieuse de s'emporter comme lorsque les souvenirs ressurgissaient, elle tenta de se laisser aller à la féérie du grand d'écorce. Elle ne valait rien. Pitoyable, prisonnière de fantômes absurdes. Mais elle ne pouvait s'empêcher de tous, les trouver encore plus pitoyables. Tous à s'agenouiller aux pieds du pouvoir et de la gloire, à leur lécher les spondées sans se préoccuper de la perte ou de la souffrance, en ignorant les peines et la douleur. Superficiels, accablés de pensées surfaites, ils troquaient leurs valeurs contre quelques miettes de cet empire sans valeur. Rois sans royaumes, princes sans pitié, belle sans famille. Finalement, on a beau dire, tous les mêmes Hein ? A vous de juger lequel de ces manques, à vos yeux, a le plus de prix. Chacun sa perte. Chacun ses problèmes. Chacun pour sa peau. Voilà la dure réalité qu'on s'efforce d'ignorer, mais en l'occurrence, Ephémère Argentée, pour sa part, l'oublier résumait se laisser mourir. Désolée, elle poussa un profond soupir, et des volutes de fumée passèrent ses lèvres bleues dans la froideur de la nuit pour s'évanouir dans les ténèbres, et ses flancs jouèrent avec la luminosité lunaire en soulignant dans leur mouvement le pelage nacré de la féline.



« Je suis navrée. Et pourtant c'est vrai, il n'y a rien d'original dans mon histoire. Mais je suis faible. Je supporte moins bien la douleur que vous autres, qui avez autant ou davantage souffert. »



Que vous autres, irrespectueux qui avez crû supprimer la douleur en l'ignorant. Qui est le plus lamentable, maintenant ?

HRP:

« ...Alors ? Comment se passe la vie de ma chère lieutenante au sein du clan ? J’espère que le poste te plait, je t’ai choisie car tu as toute ma confiance et je sais que je peux compter sur toi. » Elle marqua une petite pause. « J’aimerais apprendre à te connaître Ephémère’, nous ne nous connaissons que très peu et je trouve ça un peu dommage. Es tu du même avis que moi ? »

La femelle blanche mis un temps avant de répondre.

« Eh bien ... Je suppose, oui. J'aime agir, et avoir un rôle, même si nous sommes tous indispensables je suppose. J'aime voir mes apprentis progresser, me dire que je prolonge une lignée de guerriers en étant leur tuteur. Je me sens utile, sans doute. C'est peut-être une des meilleures choses qui me soient arrivée, parmi d'autres maigres moments de bonheur. J'ai toute confiance en toi également, nous avons de la chance de t'avoir Etoile des Sables et je me sens on ne peut plus honorée d'être ton aspirante, je n'aurais pu rêver meilleur tuteur pour déjà apprendre mon futur rôle qui ô je l'espère sera tardif ... Oui, il est vrai, nous ne nous connaissons pas spécialement, mais en ce qui me concerne il n'y a rien à savoir. Je n'ai pas de famille comme beaucoup de chats de clan, rien d'original. »


Etoile des Sables hocha la tête, elle était satisfaite du fait qu’Éphémère Argenté se sente utile au clan. Elle était tout de même gênée qu'elle dise que le clan avait de la chance de l'avoir, elle faisait de son mieux pour diriger son clan de la bonne patte. Elle n'était pas non plus pressée de perdre ses neuf vies, même si cela viendra un jour. Mais elle savait que lors de son trépassement, si Éphémère Argenté serait toujours là, elle saurait que le clan aura été confié entre de bonnes pattes. Elle vint même à se demander qui pourrait être le prochain lieutenant. Le lieutenant d’Éphémère Argenté. Non. Etoile Argentée? Ou Etoile Éphémère? Oh peu importe. Ce temps était encore loin devant eux. Rien ne pressait. De plus de nouveaux guerriers seront formés chaque année. Il y en aura surement un qui répondra aux critères de la femelle blanche.

« Je suis navrée. Et pourtant c'est vrai, il n'y a rien d'original dans mon histoire. Mais je suis faible. Je supporte moins bien la douleur que vous autres, qui avez autant ou davantage souffert. »

La cheffe regarda sa lieutenante avec étonnement. Tout le monde en ce monde était unique et chacun avait sa propre histoire. Elle ne pouvait pas dire qu'elle n'en avait pas ou qu'elle n'était pas originale. La sienne aussi aurait pu être banale. Et pourtant bien des choses se sont passées...

« Tu ne peux pas dire ça. » lança-t-elle soudainement. Son aspirante sembla surprise. « Tu ne peux pas dire que tu n'a pas d'histoire, que tu n'es rien. Tu es tout pour moi même si nous ne nous connaissons que très peu. Mon histoire aurait pu être banale, mais tellement de choses se sont passées. Je me suis même crue pendant longtemps maudite par le Clan des Etoiles. Mon père est mort avant ma naissance par une attaque du Clan de l'Ombre. J'ai appris plus tard que j'avais une sœur, Tempête des Neiges qui vivait dans le Clan du Vent et qui avait pour moitié le sang du Tonnerre et de la Rivière. Son père est mort en voulant la ramener à son clan. J'ai eu des amies d'enfance, Nuage de Lion, Nuage de Cristal, toutes deux disparues. Fleur de Menthe, qui a rejoint très tôt le Clan des Etoiles, tout comme Cœur de Tortue, ma mentor, et Lune de Feu. Mes deux premières apprenties, Nuage de Cristal et Nuage Givrée, toutes deux parties. Tempête des Neiges est partie vivre en solitaire. Ma mère a finit par rejoindre le Clan des Etoiles... Tous ceux que j'aimais disparaissent au fur et à mesure. Puis je me suis trouvé un compagnon, Plume d'Ouragan avec qui j'ai eu quatre beaux chatons. J'espère qu'ils feront de grand guerriers. »

Après tout ce dialogue, elle était presque essoufflée. Elle leva la tête au ciel pour observer les étoiles qu'on voyait entre deux nuages. Puis après un temps d'observation, elle tourna la tête vers la reine au pelage de neige.

« Et toi, quelle est ton histoire, Éphémère Argenté? »

Let the Sky Fall



Toutes les heures blessent, la dernière tue.



La meneuse sembla un instant étonnée, désarçonnée. Puis elle annonça sèchement :

« Tu ne peux pas dire ça. » Ephémère Argentée fut surprise. « Tu ne peux pas dire que tu n'as pas d'histoire, que tu n'es rien. Tu es tout pour moi même si nous ne nous connaissons que très peu. Mon histoire aurait pu être banale, mais tellement de choses se sont passées. Je me suis même crue pendant longtemps maudite par le Clan des Etoiles. Mon père est mort avant ma naissance par une attaque du Clan de l'Ombre. J'ai appris plus tard que j'avais une sœur, Tempête des Neiges qui vivait dans le Clan du Vent et qui avait pour moitié le sang du Tonnerre et de la Rivière. Son père est mort en voulant la ramener à son clan. J'ai eu des amies d'enfance, Nuage de Lion, Nuage de Cristal, toutes deux disparues. Fleur de Menthe, qui a rejoint très tôt le Clan des Etoiles, tout comme Cœur de Tortue, ma mentor, et Lune de Feu. Mes deux premières apprenties, Nuage de Cristal et Nuage Givrée, toutes deux parties. Tempête des Neiges est partie vivre en solitaire. Ma mère a finit par rejoindre le Clan des Etoiles... Tous ceux que j'aimais disparaissent au fur et à mesure. Puis je me suis trouvée un compagnon, Plume d'Ouragan avec qui j'ai eu quatre beaux chatons. J'espère qu'ils feront de grand guerriers. »



Ephémère Argentée fut touchée par l'image de cette forte cheffe admirée et respectée, que la vie avait tant testée, plus que nécessaire. Les yeux de la belle en blanc se perdirent dans le paysage. Son regard suivit celui de sa meneuse, tourné vers la toison céleste habitée d'une noirceur menaçante. Dans ses belles prunelles océanes se reflétaient le halo des étoiles, pâles scintillements comparé au satellite lunaire, seule source de lumière présente, qui inondait la clairière de lumière astrale surréaliste. Un léger vent septentrional faisait valser les cimes toutes de dentelle des grands chênes, produisant un bruissement indistinct, et les ondées avaient inondé certaines crevasses de la terre où s'étaient accumulées quelques nappes d'eau de pluie, avant qu'elle ne soit ravalée par les entrailles terrestres puis qu'elle s'écoule dans l'infinité des géantes céruléennes pour enfin recommencer son éternelle ascension vers les cieux d'azur.


La lieutenante fut tirée de ses songes par la nouvelle prise de parole de sa meneuse.


« Et toi, quelle est ton histoire, Éphémère Argentée ? »



Cette dernière hésita. Elle n'aimait pas particulièrement reparler de ses origines qui n'avaient rien de claniques. Mais c'était ce qui faisait toute la beauté de son clan : l'acceptation. Le clan du Tonnerre avait fermé ses portes aux différences, mais il fallait l'avouer : le clan oui, ses membres moins. Certains pouvaient se montrer durs avec ceux qui n'étaient pas ... Comme eux. Comme eux ... Un ramassis d'incapables, d'automates sans cervelle, tous programmés à la naissance pour faire ce que l'on demanderait d'eux. Immunisés contre tout sentiment digne d'être ressenti. Tous esclaves de cette machine à modifier les cerveaux. Ephémère Argentée sourit au souvenir de Comptine du Démon, une féline pure, brut, qui n'était pas concernée, comme tant d'autres, par cette altération qu'avait subi leur mentalité. Cette féline avait plus, en une nuit forgé son éducation que ne l'avait fait son clan. Mais après tout, Etoile des Sables était elle ... L'un des leurs ? Et puis de toute façon, peu importe non ? Dans tous les cas il resterait à la chatte blanche sa liberté de penser, quoiqu'ils en disent.


« Je suis désolée pour tous ces proches qui t'ont été retirés. Et pour tes quatre chatons, je peux t'affirmer qu'au moins deux d'entre sont très prometteurs. Et enfin, en ce qui me concerne ... Je suis née en forêt avec ma mère, Source de Givre -ce nom, une ancienne guerrière peut être ? - en solitaire. Mon père avait été tué peu avant ma naissance, je ne l'ai jamais connu, il s'était fait beaucoup d'ennemis. A cause d'un malentendu, ma mère a ôté la vie à un solitaire, ses compagnons se sont vengés et l'ont tuée en retour. Alors je me suis retrouvée seule très jeune. Puis je me suis faite recueillir par des bipèdes. Ils ont été bons avec moi. Ils m'avaient nommée Tilia. Et puis, une soirée d'hiver, il y a eu Nuage Argenté. Je ne suis pas sûre que tu te souviennes de lui. Il venait chercher de l'herbe à chat dans mon jardin, et jeune je n'étais sans doute pas très accueillante. Il a donc commencé à me parler du clan, et j'ai souhaité vous rejoindre. Il m'a promis de m'accueillir le printemps venu. Alors un matin de la saison des feuilles nouvelles il est apparu dans mon jardin pour me conduire à vous. En chemin nous avons croisé Chaos Désordonné. Te souviens-tu de lui ? Un sanguinaire complètement taré, il l'a tué devant mes yeux avant de me menacer. Pourquoi ? Aucune idée, une vieille querelle, une rancœur. Tu dois savoir pourquoi ils s'en voulaient assez pour que Chaos assassine Nuage Argenté toi qui est dans le clan depuis plus longtemps. Enfin, je me suis enfuie, j'ai erré seule, regrettant Nuage Argenté et mes bipèdes, j'ai chassé ce que je pouvais, je n'étais pas très douée, puis une patrouille m'a repérée. J'ai tout raconté, Chaos Désordonné a été banni, et Etoile de Cendre m'a nommée Nuage d'Argent en hommage à mon ami. Mon premier mentor, Comptine des Pluies, est partie, alors on m'a assignée à Poussière Cristalline, qui avait été une amie jadis, avant qu'elle ne passe guerrière un peu avant moi, ayant fini son entraînement. J'ai été nommée guerrière peu après, et à partir de là tu sais tout, je pense. »


La lieutenante était essoufflée. Elle inspira une poignée d'oxygène, la gorge nouée, tous, ils lui manquaient tant. Sa mère. Nuage Argenté, la plus grande perte qu'elle ait connu. Nuage de Rêve Bleu qui avait rejoint le Crépuscule. Poussière Cristalline avant qu'elle ne devienne froide et rigide. Et puis Comptine du Démon, qu'elle n'avait plus revu. Tant d'êtres chers qui hantaient ses songes, dont elle ne savait rien des vies actuelles -quand ils étaient encore de ce monde. Soudain, elle en eut assez. Assez de vivre morte, assez d'attendre quelque chose dont elle ne connaissait la nature, assez de ne rien faire de son séjour sur Terre, assez de perdre, d'être prisonnière du silence, d'être seule. Elle s'était perdue elle même. Elle était creuse, vide, un être de poussière aussi fragile qu'une statue de verre. Un livre aux pages jaunies qui s'effritaient de l'intérieur, puisque de toute façon, il n'y avait plus rien à écrire. Plus rien à dire sur elle, puisqu'elle n'était personne. Et une fois morte, libérée, sans contrainte, que pourrait-elle dire ? Qu'aurait-elle pour être fière, qu'aurait-elle pour affirmer que sa trace dans ce monde avait servi ? La réponse, elle la connaissait, mais le simple fait de se prendre cette claque lui coupait le souffle. Ses pupilles se dilatèrent et ses poumons se vidèrent. Elle eut soudain le besoin de suffoquer, on avait mis le feu à son être, tout en elle brulait, pour ne laisser qu'une frêle créature de cendres détruite, elle se dégoûtait elle-même, sa conscience voulait quitter ce monstre répugnant de faiblesse qui ne pouvait être elle.

Elle n'aurait rien.

HRP:

[Désolé du retaaard (a)]

La femelle au pelage flamboyant avait raconté son histoire d’une traite à son aspirante au pelage immaculé. Elle était presque essoufflée à la fin de ce discours. Elle fit une pause puis retourna son attention vers sa lieutenante.

« Et toi, quelle est ton histoire, Éphémère Argenté? »

La femelle blanche sembla hésiter, réfléchir. Réfléchir à son passé, ce qu’elle pouvait dire ou non. Etoile des Sables voulait en apprendre davantage sur cette chatte, sa lieutenante, celle qui la remplacera lorsqu’elle aura perdu ses neuf vies. Elle savait déjà qu’Éphémère Argenté était une chatte loyale qui saurait diriger son clan une fois qu’elle aurait rejoint ses ancêtres, au sein du Clan des Etoiles.

« Je suis désolée pour tous ces proches qui t'ont été retirés. Et pour tes quatre chatons, je peux t'affirmer qu'au moins deux d'entre sont très prometteurs. Et enfin, en ce qui me concerne ... Je suis née en forêt avec ma mère, Source de Givre -ce nom, une ancienne guerrière peut être ? - en solitaire. Mon père avait été tué peu avant ma naissance, je ne l'ai jamais connu, il s'était fait beaucoup d'ennemis. A cause d'un malentendu, ma mère a ôté la vie à un solitaire, ses compagnons se sont vengés et l'ont tuée en retour. Alors je me suis retrouvée seule très jeune. Puis je me suis faite recueillir par des bipèdes. Ils ont été bons avec moi. Ils m'avaient nommée Tilia. Et puis, une soirée d'hiver, il y a eu Nuage Argenté. Je ne suis pas sûre que tu te souviennes de lui. Il venait chercher de l'herbe à chat dans mon jardin, et jeune je n'étais sans doute pas très accueillante. Il a donc commencé à me parler du clan, et j'ai souhaité vous rejoindre. Il m'a promis de m'accueillir le printemps venu. Alors un matin de la saison des feuilles nouvelles il est apparu dans mon jardin pour me conduire à vous. En chemin nous avons croisé Chaos Désordonné. Te souviens-tu de lui ? Un sanguinaire complètement taré, il l'a tué devant mes yeux avant de me menacer. Pourquoi ? Aucune idée, une vieille querelle, une rancœur. Tu dois savoir pourquoi ils s'en voulaient assez pour que Chaos assassine Nuage Argenté toi qui est dans le clan depuis plus longtemps. Enfin, je me suis enfuie, j'ai erré seule, regrettant Nuage Argenté et mes bipèdes, j'ai chassé ce que je pouvais, je n'étais pas très douée, puis une patrouille m'a repérée. J'ai tout raconté, Chaos Désordonné a été banni, et Etoile de Cendre m'a nommée Nuage d'Argent en hommage à mon ami. Mon premier mentor, Comptine des Pluies, est partie, alors on m'a assignée à Poussière Cristalline, qui avait été une amie jadis, avant qu'elle ne passe guerrière un peu avant moi, ayant fini son entraînement. J'ai été nommée guerrière peu après, et à partir de là tu sais tout, je pense. »

Éphémère Argenté fut essoufflée à son tour, elle se perdit un peu dans ses pensées, inspirait et expirait longuement comme si elle était en manque d’air. La meneuse la laissa tranquille un instant puis prit la parole en regardant tantôt sa lieutenante, le ciel, et le paysage alentour.

« Je te remercie de ton soutien, je suppose que tout le monde meurt un jour et chacun a le droit à une autre vie que celle des clans, même si j’aurai aimé avoir mes amies un peu plus longtemps à mes côtés. Je suis contente d’entendre que Nuage du Loup et Nuage d’Or ne te posent pas de soucis, ils ont un caractère très différent mais j’espère qu’ils arrivent tout de même à s’entendre durant l’entrainement, après tout ils restent frères et sœurs.. »

« J’ai l’impression que tu as eu moins de chance que moi côté famille et amis, avoir perdu quelqu’un que l’on n’a jamais connu est triste mais c’est surmontable, mais quand celle qui t’a élevée avec tout son amour est assassinée, ce doit être insupportable, je suis vraiment navrée pour toi. »

« Heureusement pour toi que ces bipèdes t’ont recueilli, tu as pu continuer ta croissance à l’abri des meurtriers de ta mère, même si j’ignore s’ils t’en voulaient réellement et si tu courrais un éventuel danger, bien qu’avec les prédateurs tels que les renards ou les blaireaux, un jeune chat n’est pas forcément à l’abri seul en forêt. Tilia était un joli nom, en avais tu un autre avant que tu aille chez les bipèdes ? Ta mère t’avait surement nommée à ta naissance ? Simple curiosité. »

« Quant à Nuage Argenté et Chaos Désordonné.. Leurs noms me disent vaguement quelque chose, mais étant à l’époque une simple guerrière, je ne m’occupais pas beaucoup de la vie de mes camarades claniques. Tu y fais plus attention lorsque tu es lieutenant ou chef, voir guérisseur, mais très peu en étant guerrier. Donc je dois malheureusement t’avouer que je n’ai aucune idée du pourquoi et du comment. Il avait des pensées bien obscures dont je me tenais à distance autrefois. Ça a été un grand soulagement, pour moi ainsi que surement pour bien d’autres, lorsque tu es arrivé et que tu as révélé le meurtre réalisé par Chaos Désordonné, son bannissement a retiré un poids, a enlevé une épine de la patte du Clan. Sans toi, il y aurait peut-être eu d’autres victimes cachées par ce démon... Je suis contente que tu sois venue dans le clan, et je suis plus que ravie que tu sois ma lieutenante et la future cheffe du Clan du Tonnerre. »

LET THE SKY FALL.
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« Le passé nous fournit des regrets, le présent des chagrins, et l'avenir des craintes. »

Marquise de Lambert




intérieur




Le grand sycomore est auréolé d'une nitescence toute synthétique, artificielle. Il règne dans la clairière une brume subjective absorbant les teintes des végétaux pour se colorer d'un vert d'emprunt frelaté. La voix d'Etoile des Sables agrippe ton âme, tente de la faire regagner ton être en tirant sur ta conscience fragile plongée dans une léthargie nébuleuse toute de désillusion. Tu ne comprends ses premiers mots que par bribes, ton esprit est douloureux et les étoiles agressent tes prunelles comme les néons nivéens d'un hôpital.



I'm up on the sky and I dream so blue
I live in the sky, you come live here too
I'm queen of the clouds, make my wish come true
I sing to the night, let me sing to you.*




Ton crâne est petit, si petit, trop petit pour tes pensées qui tentent de franchir les portes scellées de tes lèvres devenues bleues. Tu ne sais pas exactement ce que tu fixes depuis de longues minutes, mais tes prunelles céruléennes s'en détachent, ta concentration, comme happée par tes souvenirs, se reporte sur Etoile des Sables qui continue à faire jaillir les mots, tant de mots, tant de phrases que tes oreilles en sifflent. Finalement, tu réussis à recentrer ton âme sur la féline, qui à cause de ta vision encore aléatoire semble génie de braise érubescent dans ce néant de noirceur et de solitude.


« Je te remercie de ton soutien, je suppose que tout le monde meurt un jour et chacun a le droit à une autre vie que celle des clans, même si j’aurai aimé avoir mes amies un peu plus longtemps à mes côtés. Je suis contente d’entendre que Nuage du Loup et Nuage d’Or ne te posent pas de soucis, ils ont un caractère très différent mais j’espère qu’ils arrivent tout de même à s’entendre durant l’entrainement, après tout ils restent frères et sœurs.. J’ai l’impression que tu as eu moins de chance que moi côté famille et amis, avoir perdu quelqu’un que l’on n’a jamais connu est triste mais c’est surmontable, mais quand celle qui t’a élevée avec tout son amour est assassinée, ce doit être insupportable, je suis vraiment navrée pour toi. Heureusement pour toi que ces bipèdes t’ont recueilli, tu as pu continuer ta croissance à l’abri des meurtriers de ta mère, même si j’ignore s’ils t’en voulaient réellement et si tu courrais un éventuel danger, bien qu’avec les prédateurs tels que les renards ou les blaireaux, un jeune chat n’est pas forcément à l’abri seul en forêt. Tilia était un joli nom, en avais tu un autre avant que tu aille chez les bipèdes ? Ta mère t’avait surement nommée à ta naissance ? Simple curiosité. Quant à Nuage Argenté et Chaos Désordonné.. Leurs noms me disent vaguement quelque chose, mais étant à l’époque une simple guerrière, je ne m’occupais pas beaucoup de la vie de mes camarades claniques. Tu y fais plus attention lorsque tu es lieutenant ou chef, voir guérisseur, mais très peu en étant guerrier. Donc je dois malheureusement t’avouer que je n’ai aucune idée du pourquoi et du comment. Il avait des pensées bien obscures dont je me tenais à distance autrefois. Ça a été un grand soulagement, pour moi ainsi que surement pour bien d’autres, lorsque tu es arrivé et que tu as révélé le meurtre réalisé par Chaos Désordonné, son bannissement a retiré un poids, a enlevé une épine de la patte du Clan. Sans toi, il y aurait peut-être eu d’autres victimes cachées par ce démon... Je suis contente que tu sois venue dans le clan, et je suis plus que ravie que tu sois ma lieutenante et la future cheffe du Clan du Tonnerre. »



Une esquisse de sourire sans joie se dessine sur ton visage. Se dire que tu as sauvegardé quelques vies en dénonçant Chaos Désordonné te paraît bien dérisoire. Egoïstement, tu aurais préféré éviter cette peine en restant aux côtés de Nuage Argenté, quelles qu'en soient les conséquences. Tu te dis sûrement que tes camarades n'en valent même pas la peine, et que tu apprécierais que ce ne soit pas toujours les mêmes, qui portent tout le chagrin des cieux sur leurs épaules. Trop peu d'Atlas pour trop de souffrance, hein ? Mais il faudra que tu apprennes à les aimer pour les guider, et tu le sais. D'un autre côté, tu les aimes déjà. Tu es une sorte de pseudo-rebelle, tu parles, tu rêves, mais tu n'agis pas. Encore plus pathétique. Déblatérer tes discours anti-société, tu sais le faire. Alors oui, tu les méprises, tu les envies, mais tu les aimes d'un amour affectueux un peu désespéré mais comme habitué. La bêtise des autres est devenue ta routine.



extérieur




Les prunelles d'Ephémère Argentée se perdirent dans la fresque céleste des astres. La tempête avait nettoyé les cieux, et la voie lactée se distinguait au firmament, mariée parée d'une trainée d'étoiles qui pigmentait l'univers de nébuleuses colorées. Le pelage de la belle en blanc scintillait presque, seulement irisé par le halo de la lune et les vols des lucioles dans la clairière fuligineuse, féerique et enchanteresse.
Son nom.
Etoile des Sables lui demandait le nom que lui avait donné sa mère, ce même nom qu'elle n'avait dévoilé qu'à Comptine des Océans. La lieutenante hésita. Elle devait pouvoir tout confier à sa cheffe. Que pourrait-elle dire ? Ce n'était rien de plus qu'un simple nom, trois mots, treize lettres. Mais tellement plus. Ce simple nom lui évoquait tellement plus, il méritait davantage qu'un alphabet et vingt-six lettres pour exprimer ce que ressentait Ephémère Argentée. Alors sans réfléchir, se déchargeant de ce poids qui écrasait son être, elle annonça :


« Fleur de Foudre. C'est ainsi que m'a nommée ma mère. Mais j'ai déjà enterré ce nom, il n'est plus rien, je préfèrerais qu'on l'oublie, il ne représente plus rien désormais. »



Ce nom ne faisait que la détruire davantage. Et la moindre fissure pouvait causer sa perte à présent. Elle ne pouvait se permettre de faillir. Elle était lassée d'être faible. Lassée de trainer son passé, noué à ses chevilles. Alors elle décida d'être forte.
Peu importe pour combien de temps, elle tiendrait, elle soutiendrait son passé au lieu de lui résister.


*Tove Lo, Not on Drugs

« Fleur de Foudre. C'est ainsi que m'a nommée ma mère. Mais j'ai déjà enterré ce nom, il n'est plus rien, je préférerais qu'on l'oublie, il ne représente plus rien désormais. »


- Je vois. C'est un joli nom également. Je me demande si le fait que ce nom était composé, similaire à ceux de nos clans, est une coïncidence. Peut être ta mère avait-elle connaissance des tribus de la forêt, ou peut être pas. Ne t'en fait pas, ton histoire est bien gardée avec moi, et de toute manière, je n'ai aucune raison d'aller crier ce récit sur tous les arbres.

La femelle rousse aux yeux océans observa encore un instant le ciel, d'un bleu violacé constellé de perles de lumières que l'on appelle les étoiles. Les guerriers de jadis veillaient sur eux, cela avait un côté rassurant. Au bout de quelques minutes de contemplation, elle finit par descendre de la racine et atterrit sur le sol avec souplesse. Là, elle s'étira longuement puis ébroua son pelage qui commençait à prendre l'humidité. Elle se tourna alors vers sa lieutenante qui avec son pelage blanc semblait presque briller dans l'obscurité du crépuscule.

- Bien, et si on rentrait maintenant ? Le clan va finir par s'inquiéter de nous voir toutes les deux absentes. Je ne voudrai pas qu'ils s'embêtent à organiser une patrouille de recherche alors que l'on est pas si loin du camp.

Attendant la réponse d’Éphémère Argentée, elle se fit un brin de toilette rapide. Plusieurs coups de langues sur la partie latérale de sa patte avant avant de se la passer sur la figure. La nuit tombait. Il était temps de rentrer chez soi.

[Désolé de la réponse pourrie je sais pas quoi dire d'autre.]

LET THE SKY FALL.
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Ephémère Argentée lança un regard anxieux à la meneuse toute de flammes vêtue. Cette dernière semblait profondément bienveillante, mais la lieutenante ne pouvait chasser l'anxiété qui la prenait lorsqu'elle dévoilait une part de son passé. Elle tentait de le dissimuler au plus profond de son être afin qu'il ne puisse être source d'hostilité, ou du moins elle tentait de s'en persuader. La belle en blanc savait qu'une sorte de pudeur la poussait à tout dissimuler, comme si quiconque pouvait porter un jugement hâtif sur sa personne uniquement pour ses origines ou les péripéties qu'elle avait connues.

Le pire, c'est qu'elle en savait les autres capables.

- Je vois. C'est un joli nom également. Je me demande si le fait que ce nom était composé, similaire à ceux de nos clans, est une coïncidence. Peut être ta mère avait-elle connaissance des tribus de la forêt, ou peut être pas. Ne t'en fait pas, ton histoire est bien gardée avec moi, et de toute manière, je n'ai aucune raison d'aller crier ce récit sur tous les arbres.

Sans doute ce prénom clanique était-il un héritage du passé de Source de Givre. Longtemps, Ephémère Argentée avait voulu chercher sa trace au sein des rangs des clans. Mais aussitôt elle se ravisait, victime de sa propre retenue. Alors elle se droguait d'euphémismes, s'en intoxicant à tel point qu'ils lui faisaient parfois oublier sa pusillanimité. Mais au réveil, la réalité lui chuchotait à l'oreille ses désillusions et ses échecs telle une violente céphalée.

La lieutenante était rassurée par la discrétion de sa meneuse. D'une certaine manière, les deux félines paraissaient semblables et pourtant si pleines de retenue qu'elles avaient l'air d'inconnues. Leur relation était sérieuse et polie, mais Ephémère Argentée se sentait bien en présence d'Etoile des Sables. De cette dernière émanait une présence bienveillante, et son naturel plutôt discret rendait les conversations calmes, reposantes et pourtant si enrichissantes.

- Bien, et si on rentrait maintenant ? Le clan va finir par s'inquiéter de nous voir toutes les deux absentes. Je ne voudrai pas qu'ils s'embêtent à organiser une patrouille de recherche alors que l'on est pas si loin du camp.

En effet, la Lune, navire lactescent sur une mer d'encre, avait déjà pris place au centre de la toison céleste. Ephémère Argentée sentait la fatigue engourdir ses membres malgré une journée presque déserte, et sa vue était embuée par une nébuleuse satinée.

- Oui, rentrons. Je te remercie de m'avoir écoutée. Ma timidité me pousse à conserver une certaine pudeur, et j'avais oublié à quel point il était bon de se confier.

La lieutenante étira ses membres endoloris, fit une rapide toilette et s'engagea sur la voie du camp, suivie de sa meneuse.


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[HRP : La fin est proche, plus du tout d'inspi désolée pour ce post médiocre :/]